Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

La CPEPESC interpelle la Ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer sur la situation particulièrement dramatique d’un oiseau chassable, la Bécassine des marais

publié le15 novembre 2016

Le 28 septembre 2016, par un communiqué de presse, le Comité français de l’UICN et le MNHN ont livré les résultats de l’actualisation du statut de l’avifaune de France métropolitaine. Ils révèlent que le déclin des oiseaux nicheurs s’est encore accentué : un tiers des 284 espèces recensées sur notre territoire est désormais menacé contre un quart en 2008 et 48 espèces voient leur situation s’aggraver : http://www.mnhn.fr/fr/sommaire-presse/declin-oiseaux-nicheurs-se-poursuit-france-tiers-especes-aujourd-hui-menace.

La Bécassine des marais, limicole inféodé aux zones humides et marais, fait partie des espèces pour lesquelles la situation s’est détériorée ; inscrite dans la catégorie En danger dans la précédente évaluation, ce qui lui conférait déjà un fort statut de menace, elle est désormais classée En danger critique d’extinction. Cette évolution, particulièrement préoccupante, est due à l’effondrement des effectifs nicheurs, réduits à seulement quelques dizaines (entre 60 et 80 couples estimés pour l’année 2016) contre 200 à 300 couples il y a encore 20 ans.

L’essentiel des oiseaux chanteurs ou chevrotants se concentrent aujourd’hui en Franche-Comté

et plus particulièrement dans le Bassin du Drugeon, zone humide d’importance internationale au titre de la Convention RAMSAR.

A ce rythme, l’espèce pourrait bien disparaître du pays en tant que nicheuse avant 2025 !

Sachant que son statut au niveau européen n’est guère moins inquiétant, il apparaît aujourd’hui urgent d’engager des mesures en sa faveur. Mise à part la protection et la préservation des milieux humides, qui sont des objectifs d’intérêt général fixés au Titre Ier du Livre II du code de l’environnement, la révision de son statut réglementaire (espèce chassable  espèce protégée) devient impérative : parmi les 16 espèces classées En danger critique en France, elle est, avec l’Eider à duvet, la seule à être (encore) classée « gibier ».

En attendant, comme pour deux autres limicoles chassables en mauvais état de conservation (Courlis cendré et Barge à queue noire) *, la CPEPESC a donc demandé à Mme la Ministre de bien vouloir prendre toutes dispositions utiles pour que la chasse à la Bécassine des marais soit suspendue, à compter de la saison 2017-2018, sur l’ensemble du territoire métropolitain et pour une période qui pourrait être fixée dans un premier temps à 5 ans et d’opter dès à présent pour une limitation drastique des prélèvements cynégétiques (réduction de la période d’ouverture, prélèvement maximal, etc.).

Ce moratoire permettra de préserver la part importante de la population européenne hivernant dans notre pays et de protéger parallèlement les effectifs reproducteurs du continent. En Europe, la chasse de l’espèce est fermée dans 4 pays : Allemagne, Finlande, Hongrie et Pays-Bas.

Nos adhérents ne comprendraient pas que ces mesures ne puissent voir le jour rapidement alors même que le gouvernement vient de faire voter le 20 juillet dernier la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages : https://www.legifrance.gouv.fr/affichLoiPubliee.do?idDocument=JORFDOLE000028780525&type=general&legislature=14.

* Arrêté du 24 juillet 2013 relatif à la suspension de la chasse de certaines espèces de gibier de France métropolitaine