Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Quelle utilisation du territoire par les chiroptères ?

publié le8 octobre 2021

Cette année, un stagiaire de Master 2 est venu épauler la conservatrice du réseau de Réserves naturelles régionales « cavités à chiroptères » afin de cartographier les routes de vol potentielles utilisées par les espèces de chiroptères prioritaires de ces cavités : le Grand rhinolophe et le Minioptère de Schreibers.

Trois axes ont été choisi pour arriver à déterminer quels sont les routes de vol utilisées préférentiellement par ces espèces pour rejoindre leurs territoire de chasse depuis leurs gîtes. L’observation visuelle au moment de l’envol des chauves-souris, la pose d’enregistreurs passif d’ultrasons et la création d’un modèle cartographique.

L’observation visuelle n’est pas des plus aisées quand il s’agit d’observer des chauves-souris au vol parfois très rapide dans un milieu forestier. L’utilisation de jumelles infra-rouge et de détecteurs d’ultrasons permet généralement d’apprécier les axes principaux utilisés à la sortie de leur gîte. Ces axes peuvent être le plus souvent poursuivis de façon théorique en s’appuyant sur les habitudes connues de chaque espèce. A savoir, le Grand rhinolophe suit habituellement les lisières et évite les grandes zones ouvertes et éclairées, comme les champs et les centres urbains. Le Minioptère de Schreibers quant à lui peut voler plus haut en altitude, mais s’oriente préférentiellement grâce aux cours d’eau et aux grandes structures du paysage (vallon, boisement, …). Des enregistreurs acoustiques ont été placés sur ces axes théoriques. L’analyse des ultrasons des chauves-souris au cours d’une ou plusieurs nuits autour de leur gîte viennent ainsi compléter les observations visuelles.

Exemple de trajectoire de vol dans une forêt

La troisième méthode utilisée permet d’obtenir des résultats jusqu’à plusieurs kilomètres autour des gîtes. Pour réaliser ce modèle cartographique, le logiciel GRAPHAB a été utilisé. Développé par le laboratoire THéMA de l’Université de Franche-Comté et le CNRS, il permet de modéliser des réseaux écologiques à l’aide de la théorie des graphes. Ces corridors écologiques potentiels sont calculés à partir d’une carte de l’occupation du sol sur laquelle une valeur de résistance à été attribuée à chaque type d’habitat. La mise en œuvre de cette modélisation serait excessivement chronophage s’il fallait entièrement dessiner le paysage, c’est pourquoi on s’appuie sur des données cartographiques existantes, telles que la BD TOPO® de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière), qui modélise le territoire et ses infrastructures. Si ces données existantes sont une base de travail appréciable, il n’est pas toujours aisé de les adapter à l’utilisation de l’espace par les chiroptères, induisant ainsi certains biais dans l’interprétation des résultats.

Le travail réalisé a permis de générer une première cartographie des routes de vol potentielles du Grand rhinolophe uniquement. Des améliorations sont déjà prévues pour rendre ces modèles plus proches de la réalité en continuant les observations sur le terrain et en affinant les cartes d’occupation du sol.

A terme, ces cartes permettront d’identifier des zones de conflits pour les chauves-souris lorsque leurs routes de vol croisent une infrastructure routière par exemple ou de faire des préconisations sur l’éclairage urbain à destination des communes alentours.

Grand rhinolophe chassant à l’affut