Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Une chauve-souris piégée par une plante

publié le11 septembre 2020

Les chauves-souris sont des animaux présentant des adaptations particulièrement spectaculaires à leur environnement, que ce soit au niveau de leur mode de déplacement, de leur système leur permettant de se repérer dans l’espace, ou encore de leur cycle annuel. Malgré ces adaptations, elles sont connues pour être particulièrement vulnérables aux pièges présents dans le bâti. En effet, certaines configurations peuvent coincer les chauves-souris, ne leur permettant ni de voler, ni de grimper. Il s’agit d’objets creux à bords lisses, ce qui est le cas de certains récipients, de certaines cloisons et surtout de nombreux conduits de cheminées où il arrive régulièrement de trouver des individus piégés. Selon certains spécialistes, ces pièges du bâti ont un impact négatif important sur les espèces de chauves-souris fissuricoles (qui vivent dans des espaces étroits).

Mais le bâti recèle d’autres types de pièges : certains grillages, pièges à glu ou encore barbelés peuvent emprisonner les ailes des chauves-souris de façon définitive. Si ces pièges d’origine humaine sont responsables de la mort de nombreux individus, il existe également des pièges d’origine naturelle. Il arrive de rencontrer des chauves-souris coincées dans des plantes, comme le montre la photographie ci-dessous !

Pipistrelle observée à Besançon (25). Après s'être posée sur cette plante (probablement du genre Setaria) elle est restée accrochée au petits crochets présents sur ses graines et n'a pas pu s'en libérer. Ce piège naturel a entraîné sa mort. © CPEPESC-FC
Cette Pipistrelle, observée à Besançon (25) a eu un sort peu enviable. Après s’être posée sur cette plante (probablement du genre Setaria) dans la nuit, elle est restée accrochée au petits crochets présents sur ses graines et n’a pas pu s’en libérer. Ce piège naturel a entraîné sa mort. © CPEPESC-FC

Les végétaux peuvent utiliser diverses façons de disperser leurs graines, dans le but de coloniser des espaces plus ou moins éloignés. Ils peuvent mettre en place des systèmes pour projeter d’eux-même leurs semences, mais savent également profiter du vent, de l’eau, de la gravité… et des animaux. L’utilisation des animaux pour disperser des graines se nomme la Zoochorie. Au sein même de ce procédé, on trouve différents types de zoochorie en fonction des modes de transport et des animaux qui l’effectuent, dont l’épizoochorie. Cette dernière utilise les animaux comme un moyen de transport en s’y accrochant à l’extérieur, souvent sur les poils ou les plumes. Pour cela, les graines sont généralement pourvues de petits aiguillons ou de petits crochets. Des plantes telles que la Sétaire (genre Setaria) font partie des végétaux pratiquant l’épizoochorie. On trouve à leur surface plusieurs poils munis d’aspérités rabattues vers le bas (rétrorses) leur permettant, entre autres, de s’accrocher à de la fourrure animale. Lorsqu’un mammifère de grande taille comme un cervidé ou un chien entre en contact avec la plante, il peut alors transporter les graine sur de longues distances.

En revanche il peut également arriver que des chauves-souris entrent en contact avec ces végétaux. La pipistrelle en photographie ci-dessus en a fait l’expérience, peut-être en pourchassant un insecte. Malheureusement, les picots présents sur la plante se sont accrochés sur la fine membrane de peau qui constitue les ailes de la chauves-souris (le patagium). Lors de la découverte de l’individu en question, ces crochets avaient intégralement traversé la peau, ce qui témoigne d’une longue lutte entre l’animal et son piège mortel.

Ce que l’on pourrait localement considérer comme une tragédie ne semble pas pour autant avoir déplu au guêpes, charognardes émérites, qui s’affairaient déjà à nettoyer les lieux au moment de la découvert du cadavre.