Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Les affleurements calcaires richesse des paysages comtois menacés du casse cailloux

Dans le passé les agriculteurs ont toujours cultivé les champs et pâtures des reliefs calcaires du massif du Jura en les respectant. Ils en enlevaient seulement les pierres erratiques et dispersées pour les rassembler dans des tas d’épierrement. Ils tiraient aussi profit de ces matériaux pour construire des murgers et cabordes dont par endroit de beaux vestiges (certains pouvant être qualifiés d’archéologiques) témoignent encore superbement de ces lointains travaux de la terre. Mais pour combien de temps encore? Ces gens « faisaient avec la Nature » et en respectaient les particularités qui sont depuis toujours constitutives des paysages comtois.

Les fâcheuses destructions d’affleurements calcaires comme les arasements de haies ont bien d’autres impacts sur la biodiversité floristique et faunistique, la rétention de l’eau, la conservation des sols …

D’ailleurs une lettre adressée le 14 mai 2020 au Préfet de Région, signée par 80 scientifiques, rappelait  » que le broyage des sols et des affleurements rocheux, la destruction des murgers et des tas d’épierrement (et parfois de vestiges archéologiques qui les accompagnent), induisent la création de sols artificiels inaptes à maintenir la biodiversité locale, à favoriser la réserve hydrique et limiter l’effet de la sécheresse, à permettre une fixation optimale des apports en azote et phosphore liés à l’épandage des effluents agricoles.

La superficie des parcelles agricoles directement gagnées depuis l’utilisation de ces techniques paraît maintenant suffisante. Il est temps de s’interroger sur cette fuite en avant irresponsable, concernant même parfois des prairies louées, notamment aux communes propriétaires. Il est urgent d’encourager et mettre en œuvre une agriculture raisonnée et raisonnable, d’ailleurs souhaitée, par exemple et pas seulement, par les filières régionales des AOP fromagères. Ainsi, nous souhaitons une nouvelle fois que puisse être mis un terme définitif à ces pratiques qui artificialisent et simplifient un patrimoine paysager qui fait la réputation de notre région, détruisent irrémédiablement des milieux d’une grande richesse biologique et favorisent la pollution des cours d’eau.

Les travaux de recherche de la communauté scientifique internationale des écologues et épidémiologistes tendent à montrer que l’émergence de pathogènes et de virus, tel que le Covid-19, n’est pas le fruit du hasard. En augmentant de façon exponentielle ses activités ces dernières décennies, l’homme a détruit ou très fortement fragilisé de nombreux écosystèmes rendant encore plus à risque les interactions entre l’humain, le vivant et les pathogènes.

Nous pourrions penser que tout ceci est loin des haies, des bosquets et des pierriers jurassiens. Pourtant, la prolifération des campagnols et la diffusion de l’échinococcose alvéolaire nous rappellent que notre territoire n’est pas épargné par cette problématique ».