Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Bilan du suivi des gîtes à Minioptères de Schreibers en période de mise-bas en Franche – Comté – 2022

publié le13 octobre 2022

Dans le cadre de la réalisation du programme d’action des plans de gestion des Réserves Naturelles Nationales des Grottes du Carroussel et de Gravelle, la CPEPESC Franche-Comté réalise chaque année un suivi de la mise-bas de l’espèce Minioptère de Schreibers sur l’ensemble des sites connus. Les objectifs visés sont :

– de permettre une estimation de l’évolution des effectifs de l’espèce sur la base de plusieurs années d’observation en période estivale ;

– d’effectuer une veille sur l’ensemble des sites afin de détecter une éventuelle anomalie sanitaire ou une perturbation des sites.

Sept cavités franc-comtoises sont actuellement connues comme accueillant des colonies de parturition de Minioptère de Schreibers (MS), en colonie mixte ou non avec des Murins de grande Taille (MGT – Petit Murin / Grand Murin) et du Rhinolophe euryale (RE). Si les moyens humains le permettent, l’ensemble de ces sites fait l’objet de 3 visites au cours de l’été :

-un passage début juin avant la mise-bas pour évaluer le nombre d’adultes présents sur site ;

-un passage fin juin/début juillet pour cibler le cœur de la mise-bas ;

-un passage fin juillet/début août pour obtenir les effectifs volants totaux, après émancipation des juvéniles.

Chaque site ayant sa spécificité, les moyens de dénombrement des effectifs sont adaptés à la complexité d’observation des individus. Trois méthodologies sont ainsi distinguées :

  • à vue, avec parcours diurne de la cavité ou secteurs de cavité au niveau des zones d’accroches connues, au moyen de torches équipés de filtres rouges, de jumelles et/ou d’appareil photo (équipé ou non d’un dispositif infra-rouge) pour un comptage ultérieur sur photo.
  • à vue, avec parcours nocturne de la cavité ou secteurs de cavité au niveau des zones d’accroches connues, au moyen de torches équipés de filtres rouges, de jumelles et/ou d’appareil photo (équipé ou non d’un dispositif infra-rouge) pour un comptage ultérieur sur photo.
  • à l’envol en sortie de gîte, à l’aide de dispositifs d’écoute et/ou de visualisation des ultrasons et de jumelles infra-rouge.

Les caractéristiques des colonies et des conditions d’observation sont reprises ici dans le tableau :

Il est à noter que tous les sites ont été visités 3 fois cette année en période de mise bas excepté le tunnel de gray et la grotte de Laval-le-Prieuré, qui n’ont pu être réalisés que deux fois.

Effectif 2022 de juvéniles de Minioptères de Schreibers

En 2022, la mise-bas de l’espèce a été observée sur 5 de ces 7 sites. Le nombre maximal de juvéniles de Minioptères de Schreibers observés au cours de la saison estivale sur ces 5 sites est de 814 jeunes:

Effectif 2022 d’individus de Minioptères de Schreibers (adultes et juvéniles)

Le nombre maximal d’individus de Minioptères de Schreibers observés lors d’un passage au cours de la saison estivale sur les gîtes de mise-bas (adultes et juvéniles confondus) est de 7209.

NB : le nombre maximal de juvéniles observés ne correspond pas forcément au nombre de juvéniles intégré dans l’effectif d’individus maximal.

Plusieurs constats sont dressés :
  • Les conditions d’observation des colonies de mise-bas ont été marqué par une très longue période de canicule au cours de la saison 2022 (température très chaude),
  • Les conditions météorologiques ont potentiellement eu un impact sur la mise bas qui a semblé plus précoce sur certain site, de ce fait les comptages effectués ont probablement raté les pics de naissance d’où un faible effectif cette année au niveau des juvéniles. Toutefois, il est à noter que l’effectif des adultes et jeunes cumulés est relativement important.
  • Les gîtes du Val d’Epy et d’Ougney sont toujours des sites majeurs pour l’accueil des populations de Minioptères de Schreibers en période de mise-bas, ce qui confirme cette année encore la nécessité de la mise en place d’une protection forte sur ces deux sites ;
  • La configuration du site de Baume-les-Messieurs ne permet pas l’observation de la colonie, et donc de la présence (ou non) de juvéniles. Depuis 2010, la reproduction sur ce site n’a été attestée qu’une seule année par l’observation directe de juvéniles de Minioptères de Schreibers morts au sol. Cependant, des individus sont audibles chaque année la nuit dans ce site, laissant présager la présence d’une colonie de mise-bas.

Le site de l’abbaye situé à proximité de la grotte de Baume-les-Messieurs semble avoir abrité une partie de la colonie de Minioptère de Schreibers lors d’un de nos passages. Ce phénomène, non observé jusuq’à présent, fera l’objet d’une attention particulière l’année prochaine.

  • La colonie de mise-bas de la cavité de Macornay n’est toujours pas stabilisée. Après plusieurs années d’absence, des femelles gestantes sont de retour sur ce site de 2012 à 2017 (quelques juvéniles observés), puis de nouveau en 2020, 1 juvénile observé en 2021. Cette année, aucun juvénile n’a été observé.
Un bilan synthétique de la population franc-comtoise de Minioptères de Schreibers sur les 7 sites de mise-bas est dressé dans le tableau ci-dessous :
Plusieurs limites à ce bilan sont à mentionner :

– l’effet observateur ;

– la date de passage en gîte ;

– la variabilité des conditions météorologiques ;

– la difficulté d’observation et d’identification des animaux sur certains sites (hauteur de plafond notamment, envol massif de colonies mixtes ne permettant pas la distinction des effectifs par espèces, etc) ;

– l’évolution des technologies de comptage (détecteurs et logiciels d’identification d’ultra-sons, utilisation d’appareils photo notamment).

En effet, il semble que les différences importantes d’effectif de Minioptère de Schreibers certaine année correspondent simplement à une absence de détermination sur les sites d’Ougney et de Baume-les-Messieurs.

L’importance d’harmoniser les méthodes de détermination d’année en année est primordiale afin de pouvoir en tirer des conclusions pertinentes.

En raison des limites évoquées ci-dessus, il est difficile de tirer des conclusions sur l’évolution de ces effectifs de l’espèce en période de mise-bas. Même si au regard des effectifs totaux, une petite augmentation des effectifs semble apparaître.

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