Études sur les Réserves, la connaissance fait des bonds !
Une importante mise à jour sur les espèces de Chauves-souris fréquentant les Réserves Naturelles a été permise récemment par la réalisation d’études acoustiques via l’installation de dispositifs d’enregistreurs passifs sur de longues périodes.
Ces études, qui traitent de l’analyse ultrasonores de plusieurs milliers de séquences acoustiques générées, ont concerné les Réserves Naturelles Nationales des grottes de Gravelle et de Carroussel, et la RNR de la Côte de la Baume.
L’analyse de l’activité acoustique des chiroptères permet de mieux comprendre l’utilisation de ces sites aux périodes échantillonnées, voire même de déceler des comportements encore méconnus des espèces.
Pour la RNN de la grotte de Gravelle, l’analyse des séquences enregistrées entre le 15 aout et le 2 octobre 2019, a permis de valider l’identification de sons émis par au moins 20 espèces ainsi que les deux groupes d’espèces Murin cryptique/Murin de Natterer et Petit Murin/Grand Murin. Cette étude, initialement prévue sur la caractérisation de l’activité des 3 espèces de la colonie mixte Grand Murin, Petit Murin et Minioptère de Schreibers, a permis la mise à jour de connaissances bien plus étendues.
A savoir :
- la mise à jour de données de fréquentations d’espèces qui avaient déjà été observées mais très sporadiquement (exemple de la Barbastelle d’Europe pour laquelle la dernière observation datait de plus de 20 ans),
- la découverte de nouvelles espèces dont le Vespère de Savi, le Murin d’Alcathoé et le Murin de Brandt, 3 espèces classées en Vulnérable sur la Liste Rouge de Franche-Comté (2007). La diversité spécifique des chiroptères fréquentant la cavité passe ainsi de 14 à au moins 22 espèces, en faisant ainsi l’un des sites naturels gérés les plus riches de Franche-Comté.
- l’utilisation potentielle de la Grotte de Gravelle comme site de regroupement automnal (les copulations se déroulent lors de ces rassemblements, phase indispensable au cycle biologique) pour l’espèce Murin de Bechstein. C’est en particulier une espèce discrète, et ici des centaines d’individus fréquentant probablement le site peuvent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour venir se reproduire. La Grotte de Gravelle a donc une importance toute particulière pour cette espèce, d’autant que c’est le seul site majeur connu à ce jour en Franche-Comté.
Pour la RNN de la grotte du Carroussel, l’analyse des séquences enregistrées entre le 11 aout et le 3 octobre 2020, a permis de valider l’identification de sons émis par au moins 19 espèces fréquentant cette cavité. De nouvelles espèces ont ainsi été découvertes ou redécouvertes, comme le très rare Rhinolophe euryale qui n’avait pas été observé sur ce site depuis 1960, ou encore le Vespère de Savi espèce nouvelle en limite nord de son aire de répartition, ou la Noctule commune qui s’arrête potentiellement en halte migratoire dans le gite situe en bord du corridor constitué par la rivière Saône. De 13 espèces historiquement connues fréquentant la cavité, on passe à 19 espèces contactées ! De plus, l’activité sonore importante enregistrée à la période automnale par des espèces encore peu connu dans cette cavité (Barbastelle, Oreillard roux ; Murin de Natterer, etc…) laisse présager des phénomènes de regroupements automnaux. A approfondir !
Pour la RNR de la Côte de la Baume, ce sont deux enregistreurs acoustiques qui ont été posés à l’entrée des deux cavités voisines, au printemps 2020. Le nombre d’espèces contactées est monté jusqu’à 21 en venant affiner la détermination de certains groupes d’espèces comme les pipistrelles et les murins à museau sombre. Deux nouvelles espèces sont identifiées: la Noctule de Leisler et le Vespère de Savi. L’étude confirme le très fort attrait des cavités pour les chiroptères sur l’ensemble de la période de transit printanier. Elle a permis d’améliorer les connaissances de l’utilisation du site par les chauves-souris. Par exemple, le Rhinolophe euryale semble utiliser une des deux cavités comme gîte de transit. Là aussi, des variations d’activités acoustiques pourraient indiquer la présence de phénomène de regroupements nocturnes (similaire aux phénomènes de regroupements automnaux, appelés ‘swarming’), pour les espèces Barbastelle et Oreillard roux.