Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

L’EUTROPHISATION des rivières par les nitrates et les phosphates.*

publié le28 octobre 2017

L’eutrophisation (du grec eu-trofein [bien nourrir]) des rivières a pour origine leur sur-concentration en nitrates et en phosphates, deux fertilisants associés qui dopent au printemps et en été la croissance des végétaux aquatiques et en particulier des algues qui envahissent tout l’espace aquatique. En raison du réchauffement climatique ces processus de prolifération algale d’eutrophisation sont encore accélérés.

A la fin de leur cycle, ces végétaux meurent produisant de la matière organique dont la décomposition nécessite beaucoup d’oxygène. S’il n’y a plus assez d’oxygène dissous, (cela peut arriver si la température de l’eau s’élève et en ce cas sa capacité à contenir de l’oxygène dissous chute), poissons et invertébrés meurent par asphyxie.

Une trop grande abondance de matières organiques en décomposition entraîne une fermentation en anaérobiose (sans oxygène) qui dégage de l’hydrogène sulfuré (bulles) à l’odeur caractéristique d’œuf pourri mais aussi du CO2 et du méthane gaz à effet de serre.

Pour lutter contre l’eutrophisation, il est évident qu’il faut réduire les apports de fertilisants (nutriments) que sont les nitrates (azote) et les phosphates (phosphore)

Un certain M. Redfield a démontré que pour croître les algues avaient besoin à la fois d’azote et de phosphore dans un rapport de 7 pour 1 en masse.

Si l’un de ces deux éléments excède dans la rivière ces proportions, le supplément de l’élément en excès n’est pas assimilable et donc ne contribue pas à l’eutrophisation.

Dans la lutte contre la pollution, il y a donc intérêt à privilégier la réduction de l’élément le moins important dont la quantité constitue dans l’eau un facteur limitant à l’eutrophisation.

En tête de bassin et dans la partie amont des rivières où il y a en principe moins d’apports de phosphore (petites agglomérations), le plus simple est de réduire l’importance de ce facteur limitant. Les stations d’épuration peuvent être équipées d’un système de déphosphoration (en général par ajout d’agent de floculation).

Il faut toujours avoir en mémoire que dans l’eau :

– l’AZOTE (nitrates): provient pour 2/3 de l’agriculture et pour 1/3 des rejets des agglomérations.

– le PHOSPHORE : provient également des activités agricoles et des rejets des agglomérations.

Les nitrates sont très solubles et entrainables par les eaux de ruissellement ou d’infiltration. Au delà de 5 mg/l de NO3 dans l’eau d’une rivière il peut y avoir de développement gênant d’algues.

Le phosphore est facilement entrainé vers les cours d’eaux par les rejets d’effluents, les ruissellements et tous les déversements résiduaires ou agricoles.

L’infiltration du phosphore vers les eaux souterraines est théoriquement plus limitée que pour l’azote, mais à la condition qu’existe un sol superficiel (tapis végétal, humus, terre arable,…) suffisamment profond pour servir de filtre (surtout si le sous-sol sous-jacent est constitué de roches calcaires fissurées et karstifiées, dites « perméables en grand »).

Ainsi, l’infiltration du phosphore dans le sol peut être grandement favorisée par:
– des sols superficiels inexistants ou peu épais en certains lieux, ou la présence de cavités, dolines, pertes, etc.
– des déversements localisés d’effluents ou de déjections organiques saturant le sol à leur niveau.
– des épandages agricoles de lisiers ou d’engrais, excessifs par rapport à la capacité agronomique de rétention du sol,
– des fuites d’installations ou de fosses d’effluents,…
– des puits perdus (pratique pourtant interdite).

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Dans la partie avale des cours d’eau, de même qu’au  confluent des eaux qui ont reçus de nombreux rejets d’agglomérations, sources de phosphore, les eaux sont très riches en azote. L’azote devient alors le facteur limitant qu’il faut réduire pour lutter contre l’eutrophisation.

Pour réduire l’apport agricole en nitrates provenant des cultures intensives (céréales..) ou des élevages trop importants en têtes de bétail (par rapport à la surface des sols recevant les lisiers) il faudrait changer les pratiques agricoles. et favoriser une autre agriculture responsable, respectueuse de l’environnement et ne surexploitant par les sols.

On estime que près de 50% des fertilisants azotés ne sont pas utilisés par les plantes et sont entraînés vers les nappes et les rivières surtout lorsque les sols restent nus en période hivernale. (Alors qu’il serait au moins judicieux de semer une plante hivernale de substitution qui retournée au printemps constitue un « engrais vert »).

C’est plus de 4 millions de tonnes d’azote qui sont épandues chaque année en France sur les terrains cultivés (50 à 200 kg par ha) sous forme d’engrais artificiels ou de lisier!

L’ensoleillement :
La lumière du soleil permet et favorise la croissance des végétaux par la photosynthèse. Pour limiter les effets de l’eutrophisation, et conserver l’espace vital pour la faune aquatique, il convient de conserver le plus possible un couvert ombragé des berges.

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Les algues envahissent les rivières au détriment de la faune piscicole

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