Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Unité de méthanisation de Reugney : un projet inacceptable en l’état, en amont de la Loue, l’équivalent de 3 porcheries industrielles!

publié le27 août 2010

Lettre ouverte de la CPEPESC à :
– Monsieur le Préfet du Doubs,
– Madame la Présidente du Conseil Régional de Franche-Comté,
– Monsieur le Directeur de l’ADEME de Franche-Comté,
– Monsieur le Président du Conseil Général du Doubs,
– Madame la Directrice de la DDT du Doubs,
– Monsieur le Directeur de la DREAL Franche-Comté.

Le projet d’unité de méthanisation de Reugney situé sur le plateau d’Amancey représente une menace environnementale supplémentaire pour le bassin versant de la Loue, rivière déjà bien fragilisée. Sous couvert d’avancées écologiques (biogaz, « valorisation des lisiers ») cette installation agro-industrielle est d’autant plus dangereuse que le procédé prévu est déjà technologiquement obsolète.

Positif au plan énergétique, ce projet n’en constitue pas moins une aberration pour la sauvegarde de la qualité des eaux et des prairies. En effet, il prévoit l’épandage de produits plus nocifs, parce que beaucoup plus solubles et entraînables par les eaux (nitrates, phosphates) que les effluents agricoles traditionnels actuellement produits et épandus sur ce secteur du bassin versant de la Loue.

Cette objection est flagrante tant au niveau qualitatif (augmentation de l’entrainement dans le sol karstique de l’azote « méthanisé » par rapport à l’azote issu de fumier) que quantitatif (apport de matières fermentescibles non agricoles actuellement extérieures au bassin versant). Le dossier technique renferme d’ailleurs bien des lacunes à ce sujet. Fallait-t-il masquer certaines réalités ?

Il faut rappeler que le principe de la méthanisation réside dans le mélange d’effluents agricoles (fumier/lisier) avec d’autres matières organiques (déchets de l’industrie agroalimentaire, déchets verts) pour qu’il y ait fermentation et production de gaz. La partie restante (le digestat), équivalente pour l’environnement à du lisier de porc plus nocif que les fumiers, est épandue aux alentours de l’unité. Les parcelles visées par cet amendement devront supporter en plus des produits azotés issus des élevages locaux, ceux des matières organiques exogènes puisque le processus de méthanisation ne consomme pas d’azote mais le transforme en une forme plus nocive.

L’équivalent de 3 porcheries industrielles.

En l’état, le projet représente l’équivalent en pollution de 3 porcheries industrielles (telle que celle de Bolandoz ou de Septfontaines) ! Ce qui ne pourra que contribuer à apporter encore plus de nutriments dans la Loue et à y augmenter l’eutrophisation déjà galopante.

Pourtant des solutions alternatives développées chez nos voisins Suisses (et bientôt en Bretagne) existent pour concilier la protection des eaux et des prairies avec la production d’énergies renouvelables à partir de biogaz en exportant les excédents d’azote, après déssèchage, hors du bassin versant vers des zones déficitaires.

La CPEPESC s’interroge : Comment un tel projet, aussi imparfait et allant à l’encontre du développement durable et des critères de l’AOC Comté, peut-il être autorisé en l’état ?

Et pourquoi bénéficie-t-il d’aides publiques de l’ADEME et surtout du Conseil Régional de Franche-Comté, dans un contexte où tout le monde prétend s’émouvoir du sort de la Loue?
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Remous au CODERST.

Dans un communiqué, dont l’Est Républicain s’est fait l’écho, trois médecins qui ont participé à la réunion du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) qui a débattu en préfecture du Doubs du projet de méthanisation de Reugney, ont demandé une mise à plat et un réexamen de ce projet « ne répondant pas au vœu unanime de sauver la Loue »…« Il faut cesser de diluer les responsabilités et de refuser d’aborder, sous prétexte de stigmatisation, les niveaux où il faut agir ».

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– Autre page sur ce sujet :
Projet de méthanisation de Reugney (25), la CPEPESC apporte quelques précisions.