Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Hécatombe de salamandres dans les « caniveaux pièges » en béton du chantier de la route des Mercureaux à Beure & Fontain (25)

publié le26 octobre 2010

« Le vallon des Mercureaux abrite une des plus belles population régionale de salamandre tachetée (co-existence de deux sous-espèces: terrestris et salamandra) . Le ruisseau des Mercureaux et son affluent, le ruisseau des Contours accueillent ainsi, dans les zones calmes, les larves de cette espèce protégée et inscrite en tant qu’espèce à surveiller dans le livre rouge des vertébrés de France. En Franche-Comté, la salamandre tachetée est commune.

La période d’activité des adultes dure généralement de février-mars à octobre-novembre. La période de mise bas en milieu aquatique varie en fonction des régions. Elle a lieu entre janvier-février et mai dans le nord et l’est de la France. Le développement larvaire, qui constitue le seul stade aquatique de l’espèce, dure de 2 à 7 mois ». (extrait de l’étude d’incidence Loi sur l’eau du projet de route des Mercureaux)

A la lecture de cet extrait de l’étude d’incidence du dossier du projet de chantier, on peut se demander pourquoi, le maitre d’ouvrage (ex DDE, ex DRE, aujourd’hui DREAL), a-t-il réalisé sur tout le linéaire du chantier, qui coupe longitudinalement la pente du versant Sud du vallon, des caniveaux en U véritables pièges pour la petite faune ? Et bien sur en premier lieu pour les salamandres ! On y retrouve aussi des Crapauds communs, des campagnols sp., etc…

Autre question :pourquoi aussi, les axes de déplacement des salamandres, entre ruisseau et forêt, où elles vont hiberner, n’ont-ils pas été recherchés et identifiés dans l’étude d’incidence ? Les salamandres tachetées sont réputées être fidèles à leur lieux d’hibernation d’une année sur l’autre.

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Le 7 septembre 2010, une personne découvrait et photographiait de nombreuses salamandres mortes piégées par les mortels fossés en béton de la route en chantier. Il y en avait, parait-il, des centaines… Mais l’information n’est parvenue à la CPEPESC que fin septembre. L’association a immédiatement informé un service chargé de la police de l’environnement sur le terrain qui s’est rendu sur place dès le 1er octobre 2010.

Quant au maître d’ouvrage, il était déjà au courant de ce désastre à la fin du mois de septembre. Selon certaines « informations » circulant sur internet, des personnes munies de seaux ramassaient chaque matin les animaux piégés en suivant les caniveaux. On prétendait même que c’était « probablement des filles de la CPEPESC… » Et bien non ; l’association a pu le vérifier de visu un matin à l’aurore : C’était une personne du maître d’ouvrage, la DREAL, munie d’un seau.

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Un suivi du site est maintenant mis en œuvre par le maître d’ouvrage pour stopper la destruction des animaux et au delà pour définir des solutions : aux yeux de la CPEPESC, il y a obligation de résultat : celles-ci devront être efficaces à la fois pour stopper toute mortalité mais aussi pour rendre l’ouvrage perméable à l’espèce.

Compte tenu de l’importance de la destruction de salamandres par ce chantier, toute la lumière doit cependant être faite sur cette affaire et la justice sera donc saisie. Quelle a été l’importance exacte de la mortalité en nombre d’individus ?

Piège parfait

Par ailleurs, ne faudrait-il pas remettre en cause l’utilisation, de ce type de « caniveaux en U », surtout dans le voisinage des espaces naturels ? Car c’est un piège parfait ! Il n’offre aucun échappatoire aux petits animaux qui y tombent. Et on en installerait des km chaque jour en France… dans la France du développement durable.

A la suite de cette affaire, la DREAL, maître d’ouvrage du chantier, a mis en ligne le 13 octobre 2010, sur son site, un communiqué :

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En savoir + sur les salamandres, voir le site : http://baladesnaturalistes.hautetfort.com/archive/2009/10/06/la-salamandre-tachetee.html#more
NDLR :

Il faut rappeler que le choix imposé du passage de cette route dans le vallon au sous-sol marneux des Mercureaux, a toujours été extrêmement contesté par les habitants et les défenseurs de l’environnement. Ces faits leur donnent encore plus raison !
Quant à l’autre bout de projet, dans la vallée du Doubs, pour l’immense remblai réalisé sans autorisation dans le lit majeur inondable de la rivière, rien n’est réglé ! Après contentieux contre la préfecture, gagné par la CPEPESC, la régularisation n’est toujours pas à la hauteur de ce qu’exige la protection de l’environnement. Le combat continue.
(Dernier article sur ce dossier toujours en cours : Semaine du développement durable à Besançon : Le GRENELLE au pied du remblai ! La CPEPESC fait appel à Borloo. )