Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Les ZONES HUMIDES: des infrastructures naturelles vivantes indispensables.

publié le15 mai 2007
Marais de Barchet à Passonfontaine (25)

Marais, marécages, tourbières, lagunes, terrains de prairies humides ou de forêts gorgés d’eau, prairies inondables, mares, etc… ce sont les zones humides !

Ce qui reste aujourd’hui de ces territoires, en grande partie asséchés ou remblayés à grande échelle au siècle dernier, est essentiel pour une gestion équilibrée des milieux aquatiques et de l’eau.

Les zones humides se sont constituées à la faveur de sous sols imperméables, de dépressions, d’affleurement de nappes souterraines. Elles sont alimentées en eau par les pluies, par les ruissellements provenant des reliefs voisins, ou encore par des sources.

 Occupées en abondance par les plantes aquatiques, les zones humides sont d’exceptionnelles interfaces biologiques entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Elles constituent des écosystèmes bien identifiés qui constituent des berceaux de diversité biologique pour d’innombrables espèces de plantes et d’animaux.

En régression constante malgré les belles déclarations

En 2012, il a été calculé qu’environ 67 % des zones humides avaient été supprimées depuis le début du 20ème siècle.

Le Rapport d’évaluation sur les politiques publiques en matière de zones humides, publié en 1994 par le Préfet Paul Bernard, avait alors déjà conclu que 50% environ des zones humides françaises avaient  déjà disparu en 30 ans, de 1960 à 1990!

Ces zones humides, en régression constante années, ont pourtant été reconnues comme « milieu d’intérêt patrimonial » depuis  la Loi sur l’eau du 3 janvier 1992, qui lui a confèré une définition juridique et une valeur d’intérêt général.

Ainsi, constituent des zones humides les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire : la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».

Les zones humides sont des « infrastructures naturelles » qui présentent un intérêt majeur, parce qu’elles remplissent des fonctions essentielles:

Elles permettent l’existence d’une grande richesse biologique :

La survie des batraciens et de la moitié des espèces d’oiseaux dépend de la conservation de l’intégrité des terrains en zones humides.

Certaines zones humides sont d’intérêt international. (voir site Convention de Ramsar).

Un grand nombre d’espèces rares peuplent ces milieux qu’il convient donc de préserver de manière urgente. En Franche-Comté nous avons par exemple une responsabilité prioritaire pour la conservation en France des suivantes :

– espèces végétales : hottonie des marais, jonc fleuri ou butome en ombelle, utriculaire jaune pâle, laîche étoilée, saxifrage œil de bouc…

– espèces animales : agrion de mercure, loche d’étang, triton crêté, rainette verte, bécassine des marais, héron pourpré, blongios nain… Leur survie dépend étroitement de la conservation de cette catégorie d’habitats particuliers

Les successions des zones humides constituent souvent, surtout dans les vallées, des « corridors écologiques » propices à la circulation des espèces.

Elles contribuent à d’importantes fonctions hydrologiques :

– régularisation du régime des eaux : stockage en crue et déstockage lent soutenant les étiages.

– atténuation des inondations pour les mêmes raisons.

– réalimentation des nappes souterraines : infiltration sur de grandes surfaces,

– autoépuration des eaux transitant dans les zones humides

Les zones humides contribuent au maintien durable des activités humaines.

Il faut souligner que les zone humides jouent un rôle économique non négligeable : attrait touristique, richesse des paysages préservés, intérêt pour la ressource en eau, la limitation des effets du dérèglement climatique, la pêche, l’agriculture, …

Mais un patrimoine naturel qui continue à être grignoté

Les zones humides, et particulièrement celles établies sur les terrains des plaines alluvionnaires des vallées, ont de tout temps été réduites par les activités humaines: remblayées pour l’urbanisation, asséchées, fractionnées par des digues ou des infrastructures de transport, transformées en plan d’eau par l’exploitation de gravières…

Voir la page : « Les zones humides : Un patrimoine indispensable mais déjà détruit à plus de 50% »

A la CPEPESC la défense des zones humides est l’un des combats prioritaire associé à celui pour la conservation des lits majeurs des cours d’eau.
La motivation est double, conserver les fonctionnalité des milieux aquatiques (régulation des eaux et des crues, …) tout en défendant activement la survie des espèces inféodées à ce milieux (oiseaux, batraciens, poissons, …) 

 

On consultera avec intérêt :

le Portail national d’information sur les zones humides

Zones humides : Protection et critères de délimitation

Les zones humides doivent être prise en compte dans les PLU des communes.

On sait détruire les zones humides… mais pas les recréer