Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

BARBARIE : Championnat de déterrage de blaireaux : une pratique injustifiée et inacceptable.

publié le20 mai 2006

Les associations de protection de la nature dénoncent l’organisation d’un concours de chasse au détriment de la faune sauvage, hors de toute justification de l’ordre de la « gestion cynégétique », hors de tout cadre éthique, et, plus grave encore, sans le moindre souci de la conservation des espèces cibles de ces manifestations.

Ainsi, le championnat international de déterrage organisé du 25 au 28 mai prochain à St Bonnet Tronçais (Allier) est incompréhensible et inacceptable : une cinquantaine de terriers, abritant des groupes de blaireaux en période d’élevage des jeunes, devraient être détruits afin de déterminer quel sera le « meilleur équipage » de vénerie sous terre de l’année 2006 !

S’il a échappé à l’inscription sur la liste nationale des espèces pouvant être classées « nuisibles », le blaireau reste cependant classé « gibier », et une période complémentaire de chasse peut être autorisée par arrêté préfectoral du 15 mai au 15 septembre. Cela, nous dit on, afin de pouvoir lutter contre les dégâts dont l’espèce serait responsable.

Pourtant, ces supposés dégâts ne sont réellement quantifiés dans aucun département, et il n’existe pas, en France, d’étude scientifique sur l’impact des blaireaux sur les activités agricoles. Par ailleurs, les quelques expertises connues ne cautionnent aucune de ces décisions préfectorales.

Un animal protégé dans les pays… civilisés

Rappelons qu’en Belgique, en Grande-Bretagne, en Hollande, en Suisse, etc. le blaireau est une espèce protégée.
En France, les équipages de déterrage profitent d’un statut du blaireau taillé sur mesure pour les besoins d’une chasse-loisir pour se livrer, pendant cette période de fermeture générale de la chasse et d’élevage des jeunes, à des « concours » et « championnats » organisés aux dépens de cette espèce !

Quel que soit le statut d’une espèce, il paraît inacceptable qu’un mode de chasse devienne un acte de compétition sportive et fasse l’objet d’un championnat sur des animaux sauvages.

Pour toutes ces raisons, nos associations de protection de la nature demandent au ministère de l’écologie :

– de faire réaliser, par des organismes indépendants du monde de la chasse et du monde de la protection de la Nature, une étude sur l’état des populations de blaireaux en France ;

– dans l’attente des résultats de cette étude, d’instaurer un moratoire sur cette période complémentaire de chasse (actuellement laissée à l’appréciation des préfets), et de faire ainsi respecter la lettre et l’esprit de la loi ;

– de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à l’organisation de concours sur des animaux sauvages.

En réponse, madame la Ministre de l’Écologie est d’ores et déjà intervenue auprès des Préfets de l’Allier et du Cher afin de leur demander d’être vigilants quant au déroulement de ce concours. Si d’un point de vue juridique, le championnat n’a pu être interdit, le Ministère a fixé certaines conditions:
– le concours ne sera pas autorisé dans les forets domaniales et devra donc se dérouler en terrain privé,
– la mise à mort des animaux est interdite : le concours devra se limiter à une présentation de la capture,
– les femelles suitées ne devront pas êtres poursuivies.

Bien entendu, ces mesures sont plutôt positives même si elles ne répondent pas à notre demande d’annulation.

Mais nous restons perplexes en ce qui concerne le respect de ces obligations, tant elles semblent difficiles à appliquer. Les animaux acculés au fond de leur terrier par les chiens peuvent en effet être mortellement blessés lors des attaques par exemple. On peut également s’interroger sur la capacité des chiens à reconnaître sous terre les femelles suitées…

D’après communiqué de la Fédération de la Région Auvergne Environnement.

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La Chasse Française ne condamne pas le « déterrage »
malgré la barbarie du procédé. Loin de là !

Un communiqué de presse de la Fédération Nationale de la Chasse réagissant à l’action des défenseurs de l’environnement et de la faune sauvage donne le ton. Il se passe de tout commentaire. Cliquez sur la vignette.

Une déontologie de la chasse à géométrie variable…
Le 17 mai 2006, au tribunal d’instance d’Arcachon, l’avocate de la fédération de chasse fustigeait vertement un chasseur coupable d’avoir porté sur lui un magnétophone pour attirer les alouettes, sur l’île aux oiseaux : « Cette pratique porte atteinte à ceux qui essaient de chasser correctement et respectent les règles » .

Chasser correctement ? Est-ce aussi déterrer les animaux de leur gîte et les en extraire en les tirant par le nez avec des pinces métalliques ?

Certains osent organiser de telles « activités » en championnat : le championnat de l’horreur cynégétique ?