Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Bromadiolone sur les plantations de sapins de Noël. Enfin une interdiction de traitements à La Neuvelle-lès-Scey et Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin (70) !

publié le26 février 2018

En Franche-Comté, à l’origine, la bromadiolone était utilisée pour lutter contre les pullulations de rongeurs champêtres (essentiellement Campagnol terrestre et dans une moindre mesure le Campagnol des champs) en zone de montagne (massif jurassien dans le Doubs et le Jura).

Puis, à partir de 2014, suite à la publication de l’arrêté interministériel du 14 mai 2014 relatif au contrôle des populations de campagnols nuisibles aux cultures ainsi qu’aux conditions d’emploi des produits phytopharmaceutiques contenant de la bromadiolone, l’usage de la bromadiolone a été étendu à l’ensemble du territoire et le nombre d’espèces-cibles de rongeurs est passé de 2 à 4.

A la faveur de l’arrêté susvisé, l’emploi de cet anticoagulant s’est donc logiquement et malheureusement généralisé.

En 2015, pour prendre en compte ces nouvelles modalités d’application, la CPEPESC faisait état de la mise en œuvre d’un outil d’aide à la décision (OAD) pour limiter les effets non intentionnels sur la faune sauvage non-cible : [https://cpepesc.org/Dossier-Bromatione-la-CPEPESC.html?var_recherche=bromadiolone_>https://cpepesc.org/Dossier-Bromatione-la-CPEPESC.html?var_recherche=bromadiolone]. Après moult vicissitudes et atermoiements imputables à l’administration (, cet outil est enfin entré en application… en 2017. Il permet de restreindre ou d’interdire les traitements en conjuguant plusieurs critères : aléa campagnols (score prévisionnel d’abondance,), aléa faune patrimoniale (essentiellement Milan royal, busards sp., Pie-grièche grise), etc.

L’exemple de la société T.H. THOMSEN France SARL spécialisée dans la production intensive de sapins de Noël

Cette société, dont le siège social est situé au Danemark, a visiblement recours au produit depuis l’introduction de l’arrêté du 14 mai 2014. Elle possède notamment plusieurs plantations sur le territoire conjoint des communes d’Arbecey, La Neuvelle-lès-Scey et Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin.

En 2016, la CPEPESC avait déjà eu l’occasion d’intervenir auprès de cette entreprise et de la DRAAF après s’être aperçue que des traitements chimiques avaient été organisés sans prise en compte d’un enjeu majeur de l’avifaune patrimoniale, la Pie-grièche grise : L’espèce hiverne sur le secteur depuis plusieurs années maintenant et son statut de conservation particulièrement précaire (en danger critique d’extinction en Franche-Comté) exige que soient prises des mesures drastiques et efficientes de protection/préservation. Notre association indiquait alors à T.H. THOMSEN de ne recourir à aucun traitement sur la période d’octobre à mars inclus.

Visiblement le message n’est pas passé, puisque tout récemment, un nouvel avis de traitement a été signé par le président du Groupement de défense contre les organismes nuisibles (GDON) de Jussey/Vitrey/Combeaufontaine/Vauvillers/Amance/Saint-Loup, M. Alexandre PORCHEROT, qui prévoyait de mener une campagne de lutte chimique sur la période du 24/02 au 24/03/2018, c’est-à-dire en pleine période d’hivernage de l’espèce, sur les communes suivantes : Arbecey, La Neuvelle-lès-Scey, Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin et Port-sur-Saône.

Cette fois, n’en déplaise à la société T.H. THOMSEN, grâce au renouvellement des données de Pie-grièche grise par la CPEPESC, aucun traitement ne sera engagé sur les plantations sises sur Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin et La Neuvelle-lès-Scey.

Depuis l’entrée en vigueur de l’OAD, c’est la toute première fois qu’une interdiction de traitement à base de bromadiolone est ainsi décidée par la DRAAF. La CPEPESC espère que cette mesure sera reconduite sur d’autres sites dont la situation l’exige.

Mais déjà relevons que la société T.H. THOMSEN s’est plainte du niveau d’infestation soi-disant préoccupant des populations de rongeurs sur ces plantations et fera sans doute le forcing pour pouvoir traiter par un biais ou un autre. Elle a en tout cas demandé aux services de l’Etat de lui proposer rapidement des solutions adaptées.

La FREDON s’est empressée de relayer cette sollicitation auprès de la DRAAF et souhaiterait pour ce faire que le groupe d’experts se réunisse rapidement. Quels intérêt et attention prêtera la DRAAF à cette demande ? Est-ce qu’elle laissera courir comme elle le fait depuis deux ans confrontée aux réclamations de la CPEPESC ou y répondra-t-elle favorablement ?

Réponse dans un prochain épisode.