Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Bromadiolone : une victime regrettable au Pays du Comté !

publié le18 janvier 2008

Suite à la découverte d’un cadavre de renard fin octobre sur le Haut-Doubs, la CPEPESC a fait autopsier et analyser l’animal…

Les conclusions des différents examens réalisés indiquent indubitablement qu’il est mort par ingestion de bromadiolone, anticoagulant très toxique utilisé dans la lutte contre les rongeurs champêtres, notamment le Campagnol terrestre. Selon le laboratoire de toxicologie de l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon « en présence d’hémorragies, la quantité de bromadiolone retrouvée permet de confirmer une intoxication« .

Trouvé par hasard non loin de la petite route qui grimpe la côte boisée dominant au nord le village de Bugny (25) et bordant l’ouest du territoire communal de La Chaux (25), ce renard n’était sans doute pas une victime isolée qu’une recherche systématique aurait vraisemblablement pu confirmer. Pour mémoire, l’association avait déjà organisée une telle recherche fin 2003 dans la région de Nozeroy (39), qui avait permis de découvrir en quelques heures pas moins de 8 cadavres de Buse variable (espèce protégée), 4 Renards roux, 1 Hibou moyen-duc (espèce protégée) et 1 Geai des chênes récupérés sur et aux abords de parcelles traitées ().

Outre l’intérêt de montrer que cette lutte chimique continue à produire des dégâts sur la faune sauvage non cible, et ce malgré les récentes avancées constatées dans les modalités de traitement, la CPEPESC fait remarquer que cette intoxication (et d’autres associées très vraisemblables) aurait pu être évitée.

En effet, si l’arrêté préfectoral n°2007-1010-05675 pris pour suspendre les traitements chimiques sur un certain nombre de communes du Doubs, au nombre desquelles figure la commune concernée, avait été publié et adressé dans les mairies dès sa signature, c’est à dire dès le 10 octobre 2007, ce renard n’aurait sans doute pas succombé en consommant des appâts empoisonnés.

– Malheureusement, l’arrêté en question n’a été officiellement publié que le 7 novembre et diffusé une semaine plus tard auprès des communes concernées !

– Enfin, chacun pourra également s’interroger sur la nécessité d’empoisonner sciemment une partie de la faune sauvage pour produire nos chers fromages (Mont-d’Or & Comté AOC en tête), sans résoudre au sein des zones traitées les problèmes posés par l’explosion des populations de Campagnol terrestre…

De nombreuses personnes, aussi sensibles à la sauvegarde de la faune sauvage qu’au maintien d’une agriculture de qualité qui préserve son outil de travail autant qu’elle produit, estiment que l’image du Haut-Doubs a sans doute tout à perdre avec la poursuite aveugle des traitements chimiques.