Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

En Haute-Saône, la régression des prairies se poursuit inlassablement

publié le6 septembre 2018

Parent pauvre des politiques publiques, les prairies en Haute-Saône, qu’elles soient pâturées ou fauchées, disparaissent à un rythme soutenu au gré de projets d’urbanisation ou de travaux agricoles.

Les exemples ne manquent pas alors que ces milieux contribuent au maintien et à l’essor de la biodiversité patrimoniale ou ordinaire. Leur régression, souvent irréversible, met donc directement en cause la survie des espèces animales et végétales qui y sont inféodées.

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En 2014, c’est plus de 70 ha de prairies qui ont été retournés dans le cadre d’un projet d’implantation d’un jeune agriculteur à Semmadon. Plus récemment, à la Roche-Morey, c’est plus d’une trentaine d’hectares qui ont été supprimés pour faire place à une vaste zone cultivée. A Jussey même constat sur une surface d’une vingtaine d’hectares.

Ces opérations, jamais compensées, s’accompagnent souvent du drainage des parcelles et de l’arasement d’éléments topographiques du paysage (haies, bosquets, mares) face auxquels les autorités compétentes ferment les yeux.

Si les derniers constats de la CPEPESC ne portent pas sur d’aussi grandes surfaces, ils sont toutefois symptomatiques de la situation et révèlent le peu de cas que font les acteurs économiques de ces milieux menacés, soit par destruction directe, soit par banalisation en raison d’une gestion inappropriée.

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A Noidans-lès-Vesoul, dans le cadre d’un projet immobilier, c’est quelques 3 ha de terrain qui doivent être lotis prochainement. Les prairies concernées sont les dernières du secteur entre la commune de Noidans-lès-Vesoul et celle voisine de Vaivre-et-Montoille et sont identifiées à ce titre comme corridors ou continuités écologiques à préserver dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) approuvé et signé le 2 décembre 2015 par le préfet de l’ex-région Franche-Comté. Or, le PLU qui date de 2013 n’a pas été révisé en fonction de ces nouveaux éléments d’appréciation…

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A la Neuvelle-lès-Scey, c’est la conversion en cultures d’une petite prairie relictuelle en bordure de la RN 19 qui est en cours sous la responsabilité de l’EARL de la Velle, déjà connue de la CPEPESC pour avoir, dans un passé récent, procédé au drainage d’une parcelle de 7 ha au sein de la ZNIEFF de type I des Prâlées. Réalisée sans discernement et dans le seul objectif d’ajouter quelques ares supplémentaires de terres cultivées à l’exploitation, cette conversion a débuté par la suppression de l’ancienne clôture barbelée le long de laquelle se trouvaient quelques buissons qui n’ont pas été épargnés alors que l’EARL de la Velle a perçu plus de 15 000 euros d’aide PAC au titre de l’année 2017 pour le soutien aux pratiques respectant le verdissement. Cherchez l’erreur !

Toutes ces opérations contribuent, chacune à leur niveau, au déclin généralisé de la biodiversité dont les scientifiques se sont fait récemment l’écho.