Il y a urgence à agir pour préserver les amphibiens (en particulier les grenouilles).
« Les amphibiens sont menacés à l’échelle mondiale. »
Qui n’a jamais entendu ou lu cette phrase ? Les communications scientifiques, les articles de presse, les sites internet, les documentaires, les conférences, les journées dédiées et les dizaines de milliers d’actions d’éducation à l’environnement soutenues financièrement par nos deniers ces 15 dernières années ; toute cette énergie dépensée n’aurait-elle pas été suffisante pour faire passer le message…
La CPEPESC rappelle donc que les extinctions et régressions des populations représentent un problème INTERNATIONAL. Le déclin touche aussi bien les populations des forêts d’altitude du Costa Rica, des lointaines zones humides du Canada et des Etats-Unis, que celles des crapauds et grenouilles des mares, étangs et autres habitats aquatiques et terrestres de nos contrées européennes.
En effet, les facteurs du déclin, bien que divers, sont universels, l’homme étant toujours mis en cause :
– Destruction des habitats naturels : terrestres (arasement des murs en pierre et des haies, déboisement) et aquatiques (assèchement ou comblement de 75% des zones humides en un siècle). Comme les amphibiens ont besoin des deux pour vivre, une menace sur l’un des deux habitats peut fortement perturber leurs populations ;
– Fragmentation des milieux : émiettement des habitats devenant de plus en plus distants les uns des autres, responsable d’un isolement des populations qui courent le risque de dérive génétique et d’extinction.
– Pollution de l’atmosphère, des sols et des eaux : pluies acides, métaux lourds, engrais, pesticides dont le Round’up ; ainsi qu’augmentation des radiations ultraviolets conséquence de l’atteinte de la couche d’ozone ;
– Introduction d’espèces exotiques par l’homme dans les écosystèmes: nouveaux prédateurs, espèces compétitrices et émergence de nouvelles maladies telles que la chytridiomycose qui aurait menée de nombreuses populations de Salamandre tachetée à l’extinction dans les Pays-Bas ;
– Exploitation des espèces : braconnage des grenouilles rousses et vertes pour la consommation, surexploitation, capture d’individus pour être vendus comme animaux domestiques… ;
– Destruction directe : braconnage de centaines de milliers de grenouilles chaque année ; destruction des tritons, voire de crapauds communs, considérés comme des compétiteurs par certains (consommateurs, ranaculteurs), etc.
– Destruction involontaire : en raison de la fragmentation des habitats, les amphibiens sont souvent victimes d’écrasements massifs qui peuvent avoir un impact significatif sur les populations ;
Tous ces facteurs, mis en interaction, laissent peu d’espoir quant au maintien des populations qui peuplent nos paysages si la tendance ne s’inverse pas.
Et aujourd’hui, la CPEPESC déplore que la situation ne soit toujours pas prise au sérieux par bon nombre d’acteurs, alors que la communauté scientifique a commencé à tirer la sonnette d’alarme dès les années 90 !
Quant aux pouvoirs publics, bien que des mesures de protection aient été prises dès les années 80, un déni de l’ampleur du phénomène semble s’être installé. Une espèce sur cinq risque de disparaitre de l’hexagone, et ce chiffre pourrait doubler dans les années à venir. Alors que l’urgence à agir a été maintes fois démontrée, les moyens financiers techniques et humains alloués pour agir concrètement sur le terrain continuent de manquer cruellement.
Il ne s’agit pas seulement de conserver des espèces pour la beauté du geste écolo.
Ces animaux ont un rôle majeur dans l’écosystème, dont l’homme fait partie intégrante.
En tant que prédateurs, ils rendent un service inestimable, car ils consomment d’énormes quantités d’insectes contre lesquelles nous serions bien embêtés de lutter, sans nous empoisonner l’atmosphère. Ils sont aussi la proie de nombreuses espèces d’oiseaux, de poissons mais aussi de mammifères. La disparition d’une espèce peut entrainer des effets en cascade sur les espèces commensales et sur l’homme.
C’est pourquoi la CPEPESC poursuit les braconniers de grenouilles.
Ils pillent littéralement le bien commun pour alimenter une économie souterraine d’approvisionnement de restaurateurs, avec de juteuses retombées lucratives. Certaines personnes, sous couvert d’une innocente « cueillette » pour consommation personnelle, se livrent en effet à de véritables razzias dans des étangs privés ou non qui bouleversent les populations et écosystèmes. Ces pratiques peu scrupuleuses engendrent de véritables problématiques d’ordre public, dépenses publiques supplémentaires, lorsque les pêches illégales se déroulent sur les terrains d’autrui (producteurs déclarés de grenouilles victimes de vol).
La CPEPESC veille également aux atteintes sur les habitats d’importance pour les populations d’amphibiens en Franche-Comté.
Elle s’attache à ce que justice soit faite par compensation à hauteur des enjeux en cas de drainages sauvages de zones humides et de destructions d’habitats d’espèces protégées par exemple, et se bat ainsi contre les principales causes du déclin des amphibiens.
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