Jean Cambillard, artisan de la lutte anti grand canal Rhin-Rhône, infatigable défenseur des rivières et de l’intérêt général, nous a quittés.
Décédé récemment, dimanche 24 novembre à Dijon, le départ de Jean Cambillard laisse tous les anciens de la lutte contre la canalisation de la vallée du Doubs comme abandonnés. Car il nous laisse le souvenir avant tout d’un homme d’une très grande générosité, sur qui on pouvait compter sans faillir. Toujours disponible, toujours prêt à répondre aux sollicitations des uns et des autres, et cela dans une discrétion remarquable sur lui-même et ses soucis. Car si sa vie a été très riche d’expériences, d’aventures, de rencontres, c’est une force de caractère peu commune qui l’a animé, dans toutes les entreprises qu’il a menées. Homme multiple, par les différentes périodes de sa vie, en Indochine, en Afrique, en France : c’est en tant que militant à UFC-Que Choisir de Dijon que nous l’avons découvert et côtoyé, au sein du Collectif Saône vivante à la fin des années 80. Et apprécié ! Mais il était multiple aussi par ses autres engagements, découverts lors de son décès, comme par exemple celui auprès de l’association Follereau, en faveur des personnes atteintes de la lèpre. C’était avant tout cette générosité non comptée qui nous le faisait apprécier. Mais générosité discrète, et donc, oh ! combien, sincère.
Homme de dossiers, opiniâtre, méticuleux, il s’est attelé à des dossiers qui ont pu faire vaciller les habitudes en politiques publiques comme la législation. Rencontré chez lui, après le décès de son épouse, décès qui l’avait bien éprouvé, son salon était devenu un entrepôt de piles de dossiers et il allait de l’une à l’autre, au gré des urgences. Avec une intelligence, une connaissance de ses dossiers, une expérience valorisée au mieux, c’était Jean !
Ses engagements ? L’eau, un bien universel, c’était là le cœur de ses combats.
L’eau polluée et la santé, avec ses engagements auprès d’agriculteurs empoisonnés par leurs pesticides. L’eau polluée par les décharges autorisées ou non, en Bourgogne, c’était pour lui. Mais aussi, l’eau dans les cours d’eau avec son implication majeure dans le combat contre le projet de grand canal Rhin-Rhône, et c’est ce point qu’aborderont ses dernières paroles. Car ce fut une bataille de longue haleine, mais une des rares batailles gagnées par la force de citoyens, au fil des manifestations certes, mais aussi de l’épuisement incessant des dossiers de la partie adverse par un militantisme associatif multiple. Domaine où il excellait. Et dernièrement, sa présence jusqu’au sein du Comité de bassin Seine-Normandie, après celui de Rhin-Rhône Méditerranée, sans oublier la présidence de Saône-Doubs vivants-Sundgau vivant-Gestion, qu’il avait acceptée en 2010.
Son combat contre l’absurdité d’un autre grand projet TGV Rhin-Rhône, par la vallée de l’Ognon, l’a mené, et avec succès, jusque devant la justice européenne sur l’application des règles de fonctionnement démocratiques par l’Etat français. Mais le TGV s’est construit, on ne gagne pas toujours ; néanmoins sa lutte se poursuivait encore, pour le principe et le respect des lois, a posteriori !
Une chose est certaine, jamais un engagement n’a été pris par lui sans qu’il s’y implique de manière entière, généreuse et comme si les soucis de santé ne devaient pas le toucher. Se sachant gravement malade depuis peu, il continuait ses combats, au-delà de ses inquiétudes et souffrances.
Nous lui devons beaucoup, comme on doit à ces grandes âmes qui partagent pour un temps notre route. Nous ne lui en serons jamais assez reconnaissants. Merci à toi, Jean.
Gilles Sené, le 4 décembre 2013.
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