L’excès de phosphore et les fragments de plastiques dans les mers
Ces deux problèmes ont été pointés dès 2001 dans le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Que ce soit pour le problème du phosphore, des matières plastiques ou n’importe quel autre défis parmi les nombreuses difficultés auxquelles fait face le monde moderne, ce rapport souligne le besoin urgent pour le monde moderne de se tourner vers une économie fondamentalement verte.
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Le phosphore – un déchet provenant d’une ressource agricole précieuse
Des quantités énormes de phosphore, un engrais précieux dont nous avons besoin pour nourrir une population mondiale croissante, se perdent dans les océans à cause de pratiques agricoles inadéquates et de l’incapacité des États à recycler correctement les eaux usées.
La pollution au phosphore, ainsi que d’autres rejets de produits non contrôlés tels que l’azote ou encore ceux présents dans les eaux usées, provoque une prolifération d’algues qui, à leurs tours, dégradent la qualité de l’eau, empoisonnent les stocks de poissons et font diminuer le tourisme côtier.
Au niveau mondial, le coût de ces dégâts peut atteindre des dizaines de milliards de dollars par an.
L’Annuaire du PNUE 2011 a mis en évidence la problématique du phosphore, dont la demande mondiale a explosé au cours du 20e siècle, en partie à cause du débat houleux sur l’épuisement annoncés (réel ou non) des réserves de cette roche phosphatée.
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Environ 35 pays produisent du phosphate. Les dix plus grands pays producteurs (ayant les réserves les plus importantes) étant l’Algérie, la Chine, Israël, la Jordanie, la Russie, l’Afrique du Sud, la Syrie et les États-Unis. De nouvelles mines de phosphate sont en construction dans des pays comme l’Australie, le Pérou ou encore l’Arabie saoudite. Enfin, de nombreux pays et entreprises poussent les recherches plus loin, y compris dans les fonds marins au large des côtes de la Namibie.
Certains chercheurs affirment que la consommation mondiale de phosphore n’est pas viable, et que le pic de production, à moyen et à long terme, pourrait avoir lieu au cours du 21e siècle, entraînant une baisse progressive mais constante de la production.
D’autres sont en désaccord. Le Centre international de développement des engrais a récemment révisé les estimations des réserves mondiales restantes à la hausse, passant de 16 milliards de tonnes à 60 milliards de tonnes (aux taux de production actuels). Ces réserves pourraient encore durer de 300 à 400 ans. L’USGS (United States Geological Survey) a également revu ses estimations à la hausse, soit à 65 milliards de tonnes.
Néanmoins, les partisans de la théorie de l’épuisement des ressources de phosphore font valoir que, même si le calendrier peut varier, le problème fondamental de la disponibilité du phosphore bon marché et facilement accessible ne disparaîtra pas puisque les ressources sont de toute façon limitées.
L’Annuaire 2011 du PNUE lance un appel pour évaluation des ressources mondiales de phosphore plus précises, cartographiant les flux de phosphore dans l’environnement et prédisant, à l’avance, les niveaux de réserves économiquement viables.
Selon les calculs du PNUE, l’utilisation mondiale d’engrais contenant du phosphore, de l’azote et du potassium, a augmenté de 600 pour cent entre 1950 et 2000.
L’Annuaire précise que la croissance démographique dans les pays en voie de développement couplé à une consommation accrue de produits laitiers et de viande dans l’alimentation mondiale pourrait entraîner une utilisation encore plus importante de ce type d’engrais.
« Bien que l’on trouve des quantités exploitables de phosphate dans les commerce de plusieurs pays, ceux qui n’ont pas de réserves nationales pourraient être particulièrement vulnérables en cas de pénurie générale ».
D’autres recherches sont également nécessaires concernant la manière dont le phosphore voyage dans l’environnement, afin de maximiser son utilisation dans la production agricole et dans l’élevage, et de minimiser le gaspillage, donc les impacts environnementaux sur les rivières et les océans.
– Actuellement, les humains consomment seulement un cinquième du phosphore extrait de mines via l’alimentation, le reste se retrouve dans les sols ou est rejetés dans l’environnement aquatique.
– Au cours des 50 dernières années, les concentrations de phosphore en eau douce et dans la terre a augmenté d’au moins 75 pour cent.
– Le débit estimé de phosphore dans le milieu marin se situe actuellement à environ 22 millions de tonnes par an.
L’Annuaire du PNUE 2011 pointe du doigt les opportunités énorme de recyclage des eaux usées: dans les mégalopoles des pays en voie de développement, jusqu’à 70 pour cent de l’eau contenant des nutriments et des engrais (comme le phosphore) est déversées dans les rivières et les zones côtières sans être traitée. La Suède, par exemple, s’est fixé comme objectif de recycler 60 pour cent du phosphore présent dans les eaux usées municipales d’ici 2015.
D’autres mesures visant à réduire les rejets existent. L’une d’entre elles consiste, par exemple, à stopper de l’érosion et la perte des sols arables où de grandes quantités de phosphore sont stockées après l’application d’engrais.
En Afrique les pertes de sols arables atteignent près de 0,50 tonnes par hectare et par an. En Asie, ces pertes sont encore plus élevées, elles sont de l’ordre de 1,70 tonne par hectare et par an.
Stimuler les taux de recyclage dans les mines de phosphate peut également aider à la conservation des stocks de phosphore et à la réduction des rejets dans les réseaux de distribution d’eau locaux.
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« La malédiction du plastique »
Le plastique dans les milieux marins – Une nouvelle bombe à retardement toxique?
La seconde question mise en évidence dans l’Annuaire du PNUE 2011 est celle de l’impact des matières plastiques de toutes tailles sur la santé de l’environnement marin mondial Elle entraîne des inquiétudes croissantes.
La publication insiste sur la nécessité d’une intensification des recherches en la matière. En effet, les scientifiques ne se préoccupent plus seulement des dommages directs sur la faune et la flore des milieux marins, mais ils s’inquiètent aussi de la toxicité potentielle d’un certain type de matériaux: les micros plastics.
Les micros plastics sont des petits morceaux de plastiques mesurant à peine plus de cinq millimètres de longueur. Ils sont libérés sous forme de pastilles par l’industrie, ou formé à partir de gros morceaux de plastique démantelés par l’action des vagues et du soleil.
Les quantités exactes de matières plastiques et micro plastiques, venant de décharges terrestres ou des rejets de déchets des bateaux, qui se perdent ou se forment dans les océans sont inconnues.
Ce que l’on sait, c’est que la consommation par habitant de matières plastiques (d’emballages et de sacs plastique venant de l’industrie des biens de consommation) a fortement augmenté.
– En Amérique du Nord et en Europe occidentale chaque personne utilise maintenant autour de 100 kg de matières plastiques par an. Ce chiffre est susceptible d’augmenter à 140 kg par personne d’ici 2015.
– Les habitants dans pays émergents d’Asie utilisent chacun environ 20 kg de plastique par an et se chiffre est amené à croître pour atteindre environ 36 kg d’ici 2015.
Actuellement le taux de recyclage et de réutilisation des matières plastiques varie énormément d’un pays à l’autre, et ce même dans les pays développés.
En Europe, les taux de recyclage des matières plastiques pour la production d’énergie varient de 25 pour cent (ou moins dans plusieurs pays européens) à plus de 80 pour cent en Norvège et en Suisse.
Souvent la faune mange les déchets plastiques, les confondant avec de la nourriture, il s’agit la d’un problème d’envergure. Les albatros, par exemple, confondent souvent les plastiques rouges avec les calmars, de même que les tortues s’étouffent avec des sacs plastiques qu’elles prennent pour des méduses. Certaines espèces de jeunes oiseaux de mer de peuvent souffrir de malnutrition si elles se nourrissent trop souvent de plastique.
Cependant l’Annuaire du PNUE soulève une nouvelle question préoccupante, celle des « substances persistantes et toxiques, bio-accumulables » liée aux déchets plastiques marins.
Des recherches indiquent que les petits morceaux de plastique adsorbent et la concentration d’un large éventail de produits chimiques – allant du bi-phényles polychlorés (BPC) au pesticide DDT – présents dans de l’eau de mer et les sédiments.
« Ces polluants, dont font partie les BPC, sont des perturbateurs endocriniens pouvant provoquer une baisse de la fertilité, des mutations génétiques et des cancers », rapporte l’Annuaire du PNUE 2011.
« Certains scientifiques craignent que ces produits contaminants persistants ne se retrouvent dans la chaîne alimentaire, bien qu’il y existe de nombreuses incertitudes sur le degré de dangerosité que ce problème pourrait poser pour la santé humaine et la santé des écosystèmes», ajoute-t-il.
Des espèces comme l’espadon ou le phoques, qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, sont citées comme étant potentiellement vulnérables. Or, ces espèces sont régulièrement consommées par les humains.
Une étude récente des concentrations de BPC dans les pastilles de plastiques échouées sur les plages a été effectuée sur 56 plages dans près de 30 pays.
Les plus fortes concentrations ont été trouvées sur les plages américaines, européenne et le japonaise. Les concentrations les plus basses ont été mesurées sur les plages d’Asie tropicale et d’Afrique australe.
L’Annuaire du PNUE liste et commente une série d’initiatives, de directives et de lois visant à réduire les rejets de déchets en plastique.
On y retrouve la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires de l’ONU ou encore le Programme d’action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres du PNUE.
L’Annuaire du PNUE 2011 lance un appel pour une application plus scrupuleuse de ces règles, pour une meilleure information des consommateurs, pour un changement de comportement en matière de consommation de plastique et enfin pour un meilleur soutien aux initiatives nationales et communautaires.
Il y existe aussi un besoin urgent d’améliorer et de rénover le suivi des déchets plastiques dans le milieu marin, étant donné que nous ne comprenons pas encore bien le sort ultime de ces matériaux.
Toutefois, il est prouvé que certains plastiques ne flottent pas mais coulent et s’accumulent dans les fonds marins.
«Des débris de plastique ont été observés sur le plancher océanique, dans les profondeurs du détroit de Fram dans l’Atlantique Nord, et en eau profonde au large des côtes de la Méditerranée. Une grande partie du plastique qui est rejeté dans la mer du Nord, s’accumule dans les fonds marins de la région», ajoute l’Annuaire du PNUE.
Le rapport conclu que des efforts doivent être entrepris en matière de collecte, de recyclage et de réutilisation des matières plastiques. « Si le plastique était considéré comme une ressource précieuse, au lieu d’être considérée comme un simple déchet, cela créerait une série d’opportunités pour la collecte et le retraitement.»
( D’après communiqué du PNUE)