Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Passage à faune pour tracteurs et crapauduc « crapauteux » en Haute-Saône : triste réalité des « mesures compensatoires » de la RD 64 !

publié le29 novembre 2006
État du crapauduc passant sous la chaussée…

En 2002, le Conseil Général de la Haute-Saône a fait aménager un passage à faune supérieur mixte (rétablissement chemin agricole + corridor écologique) et un crapauduc*, sur demande expresse de la CPEPESC pour ce dernier, dans le cadre des mesures compensatoires liées à la mise à 2 x 2 voies de la route départementale n°64 reliant Lure à Luxeuil-les-Bains (commune de Ailloncourt).

*Un crapauduc est un ouvrage sous route permettant aux amphibiens (et aux petits mammifères également) de franchir sans encombre une chaussée à fort trafic routier, donc dangereuse pour la faune sauvage. Il est composé d’une barrière d’interception, de collecteurs en U canalisant les animaux et de sas d’entrée et de sortie débouchant sur des tunnels, au nombre de huit sur la RD n°64.

Afin que le crapauduc puisse remplir pleinement son rôle, la CPEPESC n’a eu de cesse, depuis cette époque, de demander au Conseil général :
– d’une part, d’organiser un suivi scientifique destiné à vérifier l’efficacité du dispositif et à en prévoir l’amélioration au cas où celui-ci s’avérerait déficient,
– d’autre part, de programmer avant chaque passage migratoire (mars-avril & octobre) une opération d’entretien pour éliminer les matériaux (débris végétaux, terre, graviers, déchets de toute nature, etc.) qui s’accumulent à l’entrée des tunnels et dans les collecteurs latéraux.

Ces sollicitations répétées de notre association sont restées lettres mortes…

Et comme il fallait s’y attendre, nous avons pu constater récemment que l’ouvrage n’était plus opérationnel (depuis combien de temps ?) en raison de l’absence d’entretien :

A certains endroits la végétation (ayant repris ses droits) a envahi le dispositif le rendant inapte à la fréquentation par les amphibiens. Certains tunnels sont remplis de boue.

Les extrémités des caniveaux collecteurs sont colmatés permettant aux animaux de s’échapper. Pour clore le tout, l’ouvrage était parsemé d’encombrants, pour l’essentiel des déchets jetés par l’homme sur la chaussée.

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Constat similaire pour le passage à faune mixte supérieur : Lors de notre visite, nous avons pu constater que les bordures réservées aux passages de la faune sauvage étaient fort étroites, comparativement au large chemin agricole et forestier stabilisé qu’elles encadrent, et surtout qu’elles ne bénéficiaient d’aucun aménagement végétal adapté (absence de strate buissonnante)..

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Comble du comble, les clôtures servant à la fois à la protection des automobilistes et à canaliser les animaux en direction de l’ouvrage étaient interrompues sans raison à hauteur de l’étang Gros.

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La CPEPESC fait donc le triste constat suivant : en 2002, le Département a investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans la conception et la réalisation de ces passages à faune, et depuis il ne se donne même pas les (plus élémentaires) moyens de le(s) faire fonctionner.

NDLR : A la suite des interventions répétées de l’association, les extrémités du crapauduc de la RD 64 ont été nettoyés en 2007 mais les aménagements d’intégration du passage supérieur à grande faune et chemin agricole sont toujours attendus. Actuellement ce passage voit passer de jour comme du nuit près de 30 véhicules par jour et même des camions ou des 4×4, alors les animaux…