Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Véloroute européenne l’Echappée bleue Moselle-Saône : Les ONG demandent des modifications au projet de tracé de Corre à Port-sur-Saône en réclamant d’indispensables variantes

publié le16 juillet 2020

NDLR : Cette demande des associations a fait l’objet d’un reportage télévisé sur France 3 le 22 juillet 2020. On peut le voir en replay : Lien vers FR3

Dans un communiqué public, les ONG environnementales France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté, France Nature Haute-Saône, le collectif Sos Loue et Rivières comtoises et la CPEPESC de Franche-Comté unissent leur voix pour dénoncer le projet d’aménagement de la Véloroute entre Corre et Port-sur-Saône(70) porté par le Département de Haute-Saône tel qu’il est actuellement élaboré. Devant le nombre d’atteintes à l’environnement dont ce tracé serait responsable, elles proposent un autre parcours, moins impactant pour les habitats et la faune.

Le projet de véloroute européenne (V50 – l’échappée bleue Moselle-Saône) est soutenu par les défenseurs de l’environnement à condition que sa conception et sa réalisation respectent les milieux traversés et leur biodiversité.

Alors que le tracé présenté pour réaliser le tronçon Corre / Port-sur-Saône traverse une zone d’intérêts écologiques majeurs, la « ZONE NATURA 2000 VALLÉE DE LA SAÔNE », et constitue un des principaux réservoirs biologiques du bassin Rhône Méditerranée Corse, le tracé proposé par le Département prévoit « l’artificialisation de 56929m² de zones humides et 47260m² d’habitats d’intérêt communautaire, exclusivement des prairies ».

À terme, cette véloroute, si son tracé n’était pas modifié selon les recommandations des ONG, deviendrait sur de longs secteurs un obstacle au domaine de liberté de la rivière Saône, une entrave à sa dynamique pourtant indispensable à sa régénération, à son équilibre et à la biodiversité rivulaire. Sans compter que cette proximité à la rivière pourrait nécessiter des travaux de consolidation de berges, induisant des coûts de maintenance très élevés, et banalisant encore davantage le lit mineur de la Saône.

Après un aménagement désastreux réalisé en 2018 2019 sur la partie amont Fontenoy-le-Château / Corre qui a conduit entre autres à la suppression d’une centaine d’arbres séculaires, ce nouveau projet impacterait également certaines des espèces d’oiseaux les plus emblématiques du Val de Saône : le courlis cendré, le râle des genêts, le pipit farlouse, la pie-grièche écorcheur.

Sans être la principale cause de l’effondrement des populations d’oiseaux, l’accès, l’afflux et l’augmentation de la fréquentation des vélos mais aussi, comme les ONG le constatent très souvent, de piétons accompagnés de chiens non tenus en laisse, de véhicules de pêcheurs / chasseurs et promeneurs, de quads et de motocyclettes… ne font qu’accentuer dangereusement le déclin de ces espèces qui requièrent des conditions de quiétude indispensable, conditions qui sont à l’origine de leur fragilité et donc de leur classement en listes rouges régionale ou nationale des espèces menacées. D’après les associations naturalistes, le Courlis cendré a systématiquement déserté les secteurs du Val de Saône où les chemins ont été ouverts à une forte circulation piétonne ou cycliste notamment lors de la création du tronçon de la Véloroute au sud de Port-sur-Saône.

Ces espèces sont désormais en sursis. Les études réalisées par le Département de Haute-Saône ont délibérément passé sous silence ces données et n’en n’ont pas tenu compte dans l’élaboration du dossier de projet d’aménagement de ce nouveau tronçon.

Cette accessibilité à tous les publics pose la question du statut même de cette véloroute dans le département de Haute-Saône.

Le cahier des charges des véloroutes spécifie pourtant bien que « des dispositifs empêchant les véhicules motorisés de pénétrer sur la voie » doivent être installés. Il n’en est absolument rien dans les portions déjà réalisées. Avis du Conseil National de Protection de la Nature

Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN )ne s’y est pas trompé puisqu’il vient de rendre, le 11 mai 2020, un avis défavorable au tracé dans sa configuration actuelle.

Les propositions de variantes proposées par les ONG – toutes tirées du dossier d’autorisation environnementale unique et du dossier multicritères et choix des variantes engagés par le département sont portées par la volonté forte de préserver un patrimoine exceptionnel de vie sauvage tout en améliorant l’intérêt du tracé. Elles visent aussi à créer une réseau de véloroutes connectés entre elles notamment celui du projet de voie verte portée par la Communauté de Communes des Terres de Saône sur l’ancienne voie de chemin de fer Port-d’Atelier à Bourguignon-lès- Conflans. Elle vise enfin à mettre en place une série de mesures de conservation et de réhabilitation du Val de Saône, indispensable pour assurer un développement soutenable du territoire.

À l’aube du 21ème siècle, nous devrions avoir appris que c’est à l’homme de s’adapter à la nature et non plus à la nature de s’adapter à l’homme.

Donnons aux 25000 cyclistes prévus en 2028 le loisir et le bonheur de profiter de ce cadre sans pour autant être responsables d’avoir détérioré un milieu si riche.