Au secours du lierre des allées d’arbres routières
Mi-août 2023 des membres de la CPEPESC avait constaté que les platanes situés le long de la RD 475 sur le territoire des communes de FRASNE-LES-MEULIERES et de MOISSEY (entrée sud) avaient été totalement « dégarnis » du lierre qui poussait le long de leurs troncs. Seuls les arbres en début de traversée d’agglomération (à MOISSEY) ont conservé leurs lierres intacts. C’est un triste spectacle que de voir les troncs ainsi jaunis par les feuilles séchées de lierre dont les pieds ont été vraisemblablement coupés à la base.
Des doléances en faveur du LIERRE
Par un courrier adressé au Président du Conseil Général du Jura, la CPEPESC lui a rapporté les faits pour plaider avec justification en faveur du lierre et lui demander d’inviter ses services en charge des routes départementale de ne plus procéder ainsi.
En voici l’essentiel des termes :
« Nous ne savons pas ce qui a motivé une telle intervention car le lierre Hedera helix, une des rares lianes ligneuses poussant sous nos latitudes n’est pas l’ennemi de l’arbre mature, en bonne santé, comme c’est le cas des platanes de la RD 475. Cette pratique très enracinée dans nos campagnes et parmi les forestiers est un non-sens écologique et doit être proscrite.
Le lierre a longtemps été perçu, et ce depuis l’Antiquité, comme une espèce nocive pour les arbres sur lesquels il s’implante. On a ainsi cru qu’il pouvait les étouffer, abîmer leur écorce ou les concurrencer dans l’absorption de minéraux par les racines, mais il n’en est rien !
Des études récentes ont en effet montré les bénéfices qu’il apporte à son hôte. Le lierre n’est pas un parasite mais un épiphyte qui a besoin de lumière pour fleurir. Il se sert donc des troncs pour s’élever vers le soleil sans jamais abîmer sa plante hôte.
C’est un bon isolant thermique en hiver comme en été. Il protège les troncs des excès de chaleurs ou du froid excessif. Le manchon de lierre joue donc un rôle de régulateur thermique vis-à-vis de l’arbre. Il enrichit les sols par le renouvellement de ses feuilles adultes. Il contribue ainsi, en formant une litière et un humus, à l’enrichissement des sols dont profiteront entre autres les arbres porteurs. Parmi ses qualités incontestables il faut ajouter que le lierre est un dépolluant atmosphérique très efficace. Il absorbe les particules de poussière et, associé à l’arbre, participe à assainir l’air environnant, et par là même l’air que nous respirons.
Enfin, autre atout et pas des moindres, il sert de refuge à une riche biodiversité. Il accueille un grand nombre d’insectes, d’arachnides, etc. et leurs prédateurs comme les passereaux. Ces derniers peuvent y confectionner leurs nids. Fleurissant en automne, le lierre nourrit les pollinisateurs, comme les abeilles[1] domestiques et fructifiant en hiver, il nourrit les oiseaux à une époque (janvier, février) où ils peinent à trouver de quoi se nourrir.
Au vu des bénéfices qu’il procure, cette espèce ne mérite pas sa réputation d’espèce indésirable. Si elle peut sur des arbres malades, donc condamnés, accélérer leur chute surtout quand il atteint leur cime, en revanche sur des arbres adultes en bon état sanitaire, comme les platanes de la RD 475, les avantages qu’elle offre sont indéniables.
C’est pour cela que la CPEPESC vous demande à l’avenir de ne plus procéder à la coupe du lierre sur les platanes de MOISSEY et d’en informer en conséquence vos services techniques en charge de la gestion des routes. A toutes fins utiles, ce courrier est adressé en copie au centre d’exploitation des routes de DAMPIERRE/ORCHAMPS et de DOLE. Cette « recommandation » est bien évidemment transposable à l’ensemble des allées d’arbres implantées le long des routes départementales ».
La réponse du Conseil Général du Jura
« Votre courrier de 10 octobre dernier concernant l’enlèvement du lierre autour des platanes situés en bordure de la RD 475 sur le territoire des communes de FRASNE-LES-MEULIERES a retenu toute mon attention.
Cette intervention a été effectuée pour préserver le gabarit routier et la visibilité.
J’ai pris bonne note de vos recommandations et des consignes seront données aux services du Département afin de limiter leurs interventions au strict nécessaire et d’utiliser l’outil adapté (le sécateur) ».
[1] Une espèce y est d’ailleurs directement inféodée, la Colètte du lierre Colletes hederae.
