Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Le colmatage des pertes du Saut-du-Doubs un résultat bien peu grandiose

publié le17 décembre 2009

Au printemps 2001, s’achevait dans l’euphorie une opération mythique projetée et rêvée depuis longtemps : exit les fuites dénoncées depuis des lustres en amont du saut du Doubs à l’extrémité des pittoresques et profonds bassins, où circulent en été les bateaux chargés de touristes.

En 1991, à la suite de plongées de spécialistes, le rêve semblait réalisable, puisqu’une importante perte était localisée. Ensuite, l’une des plus grosses difficultés avait consisté à pouvoir colmater cette perte vicieusement située, non pas sur le territoire national, mais… en face… sous la rive suisse !

Mais, à entrepreneur vaillant rien d’impossible et, avec force financement public, entreprise spécialisée et béton prêt, c’était fait. Victoire ! L’homme avait ici bloqué l’évolution inéluctable du travail de l’eau en région calcaire ; du moins le croyait-il.

Mais pas de miracle durant les étiages qui suivirent ; et la sécheresse de la fin d’été 2009, a définitivement remis les pendules à l’heure… Manifestement soit la perte colmatée n’avait pas un bouchon rigoureusement étanche, soit comme il est plus sérieux de penser au regard de la géologie locale, celle-ci avait des petites sœurs que les plongeurs n’avaient pas décelées et qui se sont peut être aussi élargies.

Aujourd’hui, il semble que les élus locaux n’envisagent plus de tels bricolages de l’environnement aussi illusoires.

Une meilleure gestion de l’eau en amont, pour soutenir les débits, passe par d’autres démarches comme la bonne gestion des zones humides, ces régulateurs naturels. Ainsi le reméandrement du Drugeon qui a permis, en relevant le niveau de la nappe dans les zones humides annexes et les terrains adjacents, de réduire les étiages, constitue un bon exemple.

La leçon des pertes du Saut-du Doubs, vaut pour tous le cours du Doubs en amont de Montbenoit : il s’écoule aux dessus d’un karst qui réclame et obtiendra, quoiqu’on fasse, sa part d’eau. Il faut tout simplement en tenir compte, en faisant très attention de ne pas favoriser la création de pertes par des travaux de terrassement incongrus. (*)

(*) Sur le relief comtois, les cours d’eau sont rares du fait de l’évolution karstique du paysage. Toute intervention sur le cours des ruisseaux « perchés » sur un sous-sol karstique devrait nécessiter l’avis technique d’un géologue, comme la réalisation d’une fouille nécessaire à la traversée d’un cours d’eau par une canalisation.

.