Purin sur la neige et pollution à Guyans-Durnes (25)
Le 22 février, des membres de l’association découvrent un ruisseau chargé purin qui s’écoule à proximité du pont de Fagot. En remontant le ruisseau des Breuillots (qui devient la Brême quelques centaines de mètres en aval), ils découvrent l’arrivée, en rive gauche, d’un véritable ruisseau de purin.
L’eau de ce petit affluent est brunâtre, des trains de bulles circulent en surface et viennent former, par accumulation dans les zones calmes, une épaisse couverture de mousse brune.
Les membres de l’association décident alors de rechercher l’origine de cette pollution majeure en remontant à pied le cours du ruisseau sur 500 mètres environ. La pollution semble rejoindre le cours d’eau uniquement en rive gauche et principalement par ruissellement.
L’origine de ces écoulements est alors rapidement identifiée et provient d’un épandage agricole réalisé juste au dessus sur un terrain en pente, encore couvert par la neige, situé à proximité de la ferme du Gros Champagnole .
Il s’agit d’effluents agricoles liquides épandus à très forte dose, au regard de la concentration du purin déversé et de l’épaisseur observée sur la parcelle en question. Ces effluents recouvrent d’ailleurs intégralement le manteau neigeux.
En raison de l’information et des efforts de communication entrepris cette année par l’association (articles de presse, rappel permanent sur le site Internet de la Préfecture, etc.) sur cette problématique des épandages sur sols gelés ou enneigés, on peut en outre s’interroger utilement sur les raisons qui ont pu motiver l’épandage d’un tel volume d’effluents sur cette unique parcelle, idéalement située car à l’abri des regards indiscrets (absence totale de route dans ce secteur, site visible seulement depuis l’arrière de la ferme du Gros Champagnole).
De telles pratiques sont parfaitement intolérables de la part de professionnels de l’agriculture, qui savent pertinemment que ces fertilisants ne peuvent être fixés par le sol que si leur infiltration dans ce sol est diffuse et lente. En effet, la capacité d’adsorption du sol (fixation par le complexe argilo-humique) est rendue inopérante par le gel et la neige.
La quasi totalité des éléments organiques épandus a donc été rapidement entraîné vers les eaux souterraines et le ruisseau situé en contrebas, en raison du fort ruissellement qui s’opère lors de la fonte des neiges. Ainsi, les éléments fertilisants ont été perdus pour le sol au profit d’une intense pollution du milieu aquatique.
En conséquence, scandalisée par ces faits qui sont loin d’être anodins, la Commission de Protection des Eaux a immédiatement avertie la garderie de la pêche et
porté plainte pour que le responsable soit identifié afin que de tels actes ne se reproduisent plus.
A la suite de l’enquête, un agriculteur, monsieur R…, s’est retrouvé devant le tribunal le 28 septembre 2004. Pour sa défense il déclare ne pas contesté l’épandage sur de purin effectué sur la neige :
« La fosse était pleine et nous avons fait ça pour ne pas la laisser déborder. On a sélectionné le champ le plus approprié, et il n’y avait pas trop de neige. Et puis, on a fait des demandes de subventions pour agrandir la fosse … qu’on n’a pas obtenues… Les pauvres agriculteurs, c’est toujours sur leur dos qu’on tape ».
Devant le tribunal, l’association a remontré les photos où on voit bien le champ complètement enneigé et précisé que la pollution pouvait arriver au ruisseau pas forcément par ruissellement mais en raison du sous-sol karstique par infiltration jusqu’au ruisseau. On est dans un région avec de la neige, donc il faut dimensionner et/ou couvrir la fosse pour avoir une capacité de stockage suffisante.
L’association a particulièrement demandé la mise aux normes de l’exploitation.
L’exploitant a été reconnu coupable de faits et condamné.