Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

NON au tout incinération des déchets urbains et assimilés.

publié le26 mai 2004

L’incinération est une curieuse valorisation. Elle produit peut-être de l’énergie, mais c’est surtout une façon hypocrite de se débarrasser localement d’un problème épineux pour en faire « profiter » toute la planète.

La Commission de Protection des Eaux est opposée à la fausse solution que constitue l’incinération des ordures ménagères et des déchets industriels banals, en raison de l’impact sur l’atmosphère et des perturbations climatiques ou physiques qu’elle induit pour l’avenir.
La plus grande part (60%) de ces déchets (emballages inutiles, sur-publicité, absence de tri sélectif) peut être éliminée à l’amont des installations dites « d’élimination » :

– par une loi (à faire voter) limitant enfin les emballages à l’indispensable,
– par un tri sélectif, un intéressement des consommateurs, et un recyclage réel,
– par l’enfouissement des seuls « déchets ultimes » dans des sites argileux, assurant une résorption naturelle lente et maximum à l’échelle du temps.
– en refusant la construction de nouveaux incinérateurs d’ordures ménagères pour les raisons qui suivent :

REJETS DE DIOXINES AVEC LES FUMEES

Depuis l’accident de SEVESO, la dioxine est qualifiée de « produit chimique le plus toxique jamais fabriqué par l’homme » (risques de cancers du foie, du tube digestif et du sang, d’affections dermatologiques, cardio-vasculaires, hépatiques et endocriniennes, de troubles du développement des organes sexuels et surtout de la reproduction).

Les dioxines disséminées sur les sols exploités par l’agriculture se concentrent ensuite dans les réserves adipeuses des animaux terrestres et aquatiques, pour finir dans l’assiette du consommateur. L’exposition des populations aux dioxines se fait à 95 % par voie alimentaire.

Les dioxines et autres biphényles polychlorés ne sont pas dégradées dans la nature : leur durée de vie est illimitée. Elles peuvent donc s’accumuler en continu dans les organismes vivants durant toute la vie. Sur les 210 sortes de dioxines qui existent dans l’environnement dix-sept sont accusées de « bio-accumulation intense »

L’incinération des déchets est la principale source de dioxines dans notre environnement.
Les autres sources sont les fours de cimenteries brûlant des déchets dangereux et les usines métallurgiques.
Une étude française d’épidémiologie a établi une corrélation pour la première fois entre le fait de vivre à proximité d’un incinérateur de déchets rejetant des dioxines (celui de Besançon) et l’occurrence de cancers chez les habitants.

Il ne faut pas perdre de vue que les dioxines sont également présentes dans les cendres et les mâchefers…

REJETS DE DIOXYDE DE CARBONE (CO2)

L’augmentation du gaz carbonique dans l’atmosphère est responsable de l’effet de serre. Celui-ci participe au réchauffement de la planète et des dérèglements climatiques (désertification, tempêtes, sécheresses, inondations, fonte des pôles et des glaciers, élévation du niveau de la mer…).
L’atmosphère constitue toujours la première poubelle des villes et de l’industrie. L’incinération des déchets contribue donc à la surcharge de l’atmosphère en CO2.

Si le premier responsable de la pollution atmosphérique et de l’effet de serre est le trafic automobile, l’incinération des déchets arrive en second lieu.

REJETS D’OXYDES D’AZOTE (Nox)

Désignés comme responsables des « pluies acides » les molécules d’oxydes d’azote sont directement agressives pour les voies respiratoires (surtout pour les personnes âgées, les asthmatiques, les enfants).

Elles peuvent se transformer en ozone sous l’effet de la lumière solaire dans les couches basses de l’atmosphère. L’ozone, en proportion trop importante dans l’air, provoque des affections respiratoires graves (à proximité d’un incinérateur, la fréquence des crises d’asthme est triplée dans la population) et augmente les risques de problèmes cardio-vasculaires.

REJETS DE DIOXYDE DE SOUFRE (SO2), D’ACIDE CHLORHYDRIQUE (HCl), DE METAUX LOURDS, et AUTRES CONTAMINANTS INCONNUS

Le dioxyde de soufre est un irritant (yeux, nez, poumon) qui peut même être responsable de cancer du poumon.

L’acide chlorhydrique qui provient de l’incinération des plastiques, surtout P.V.C., est également un irritant.

Certains métaux toxiques (mercure, cadmium, plomb, chrome, nickel, arsenic,..) peuvent être volatilisés et rejetés par les cheminées.

Lors de l’analyse des fumées des incinérateurs, seuls quelques produits sont recherchés. Or, la composition des déchets incinérés est chimiquement très hétérogène… La synergie entre toutes les substances toxiques produites lors de l’incinération multiplie cette toxicité

L’élimination en Centre d’Enfouissement Technique des déchets urbains ultimes (ce qui reste après tri et recyclage de tout ce qui peut l’être) est préférable au tout incinération)