Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

LES PORCHERIES INDUSTRIELLES *

publié le14 octobre 2004
Le cas particulier des porcheries

Par leurs fortes concentrations en têtes de bétail, les porcheries industrielles sont une source de pollution très importante.

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Après avoir « pourri » les eaux superficielles, souterraines et même les rivages de Bretagne, avec les conséquences que l’on sait (pollution par les nitrates, eaux non potables, rivières eutrophisées, « salade verte » sur les plages,…), les promoteurs des porcheries industrielles cherchent maintenant à implanter partout en France leurs goulags à cochons.

Ce type « d’élevage » tourne le dos à une production respectueuse de la qualité traditionnelle, de l’environnement, des animaux…

L’élevage industriel ce n’est pas de l’agriculture, ce n’est que de la vulgaire production de matière animale.

L’augmentation de la production industrielle porcine, déjà en crise, est économiquement contre productive ; elle fait inexorablement chuter les prix et entraîne plus encore l’élevage porcin vers le bas.

L’existence de ces « usines à viande » où l’animal vivant n’est plus qu’une matière première n’est pas acceptable :

– en raison de la pollution des eaux qu’elle entraîne par les rejets dans l’environnement de lisier (urines, matières fécales), la pollution d’un porc c’est plus de 2,5 équivalents-habitants pollution. Une porcherie de 2000 têtes, produit une pollution aussi importante qu’une ville de 5000 habitants… L’épandage des lisiers sur les champs pour servir d’engrais ne limite qu’imparfaitement la pollution des eaux souterraines, surtout lorsque les sols sont très perméables.

L’épandage intensif des lisiers de porcheries inacceptable en régions calcaires.

En région calcaire, l’épandage intensif de lisier de porcs s’effectue le plus souvent sur des terrains agricoles peu profonds (quelques dizaines de cm). Leur capacité à retenir et à fixer des polluants est donc très limitée puisqu’ils recouvrent un substratum calcaires fissuré et karstifié c’est à dire très perméable : Une véritable « passoire » qui rend extrêmement vulnérables les eaux souterraines et ce qu’elles alimentent.

Il faut donc être très vigilent à ce que l’on répand sur ces terrains puisque leurs sols peu épais souvent hétérogènes ne peuvent jouer un rôle de filtre écran efficace.

Ainsi par exemple en Franche Comté, région karstique par excellence :

* Les épandages de lisier peuvent concerner les bassins d’alimentation des captages dont les eaux sont destinées à l’alimentation en eau des populations (Besançon, Vesoul, Loue, Ain, …)

* Les épandages de lisier ont un impact considérable sous les sources et la qualité des eaux des rivières à truites les plus prestigieuses : Loue, Dessoubre, Lison, Cusancin, Furieuse, Doubs, Ain,…). Beaucoup de ces rivières sont biologiquement à la limite de ce qu’elle peut recevoir…

* La forte pluviosité sur les reliefs augmente l’entraînement des polluants liquides (lisier) dans le karst.

– en raison de la détérioration et de la pollution des sols par les métaux :
Outre la baisse de variété des espèces végétales (et du goût du fromage…), les sols peuvent accumuler le cuivre et le zinc ajouter aux aliments des porcs… Selon l’INRA, « En Bretagne, l’augmentation serait de l’ordre de 4 à 7 mg/kg en 15 ans pour Cu et de 15 à 20 mg/kg pour Zn. Une telle évolution ne peut pas se prolonger indéfiniment sans risques ».(INRA Qualité des sols de France en zones rurales
Éléments Traces Métalliques (ETM), 2000).

– en raison de la barbarie du procédé : Dans une porcherie industrielles, les porcs sont entassés (jusqu’à 0,6m2 par animal !) et souvent mutilés pour les empêcher de se blesser – non pas par humanité – mais pour ne pas dévaluer le stock et perdre de l’argent.
Ces pauvres animaux vivent en permanence sur caillebotis au dessus de leurs déjections en respirant continuellement des vapeurs d’ammoniaque !

– en raison d’une politique sanitaire dévoyée et à risques :
Les cochons qui « survivent au-dessus de leur merde » sont « soignés » par l’utilisation systématique d’antibiotiques, de cuivre et de zinc…ajoutés aux rations des animaux pour favoriser la croissance et éviter les maladies…

– en raison de la qualité médiocre de la viande produite pour le consommateur et par l’altération industrielle de sa « chaîne » alimentaire, dont personne n’est capable (et certainement le courage) d’évaluer l’impact actuel, faute d’études. L’alimentation des porcs industriels avec des farines OGM couronne l’image déplorable de cette « filière » agricole…

Il existe une structure nationale, regroupant les associations, qui ont parmi leurs objectifs la « lutte contre les nuisances et pollutions générées par les élevages industriels et pour l’implantation d’ateliers d’élevage plus respectueux de l’environnement et de l’animal » : c’est la Coordination Nationale Contre les Élevages Industriels ( porcheries et poulaillers) ou CNCEI

Comme l’ensemble des associations écologiques, la CPEPESC est opposée à l’installation des porcheries industrielles. Elle exprime son opposition lors des enquêtes publiques relatives à des projet de nouvelles porcheries de plus de 450 unités et donc soumises à autorisation du Préfet.

Mais l’obtention de cette autorisation paraît aujourd’hui n’être plus qu’une formalité tant les refus son exceptionnels de la par des préfets.

Il est donc regrettable, en particulier pour la production de produits dits « régionaux » que l’élevage des porcs s’oriente vers des concentrations massives de cochons sur caillebotis et se détourne de l’élevage traditionnel sur litière de paille.

L’élevage des porcs sur litière de paille.

Cette solution est pourtant beaucoup plus avantageuse tant au niveau de la recherche d’un produit de qualité, que sur le plan environnemental.
Comme l’ont montré les conclusions des travaux réalisés entre 1996 et 1999 par les chercheurs de l’INRA, la pollution des eaux et de l’air induite par l’élevage porcin peut être significativement réduite en adoptant l’élevage sur litière tout en préservant les performances économiques.

La limitation des porcheries à un nombre de tête de 400 unités permettrait également une intégration réussie dans l’environnement naturel, social, culturel et agricole de qualité.

L’élevage sur litière présente en outre un intérêt en terme de bien-être animal et de réduction des odeurs. Enfin, le modèle sur paille ou sur litière maîtrisée donne d’excellents résultats, et pour une laiterie produisant du comté, produire du porc en respectant l’environnement serait un sérieux argument de vente. Le pétitionnaire pourrait même viser le label rouge (qui refuse le lisier), voire le bio.

PORCHERIES EXCEDENTAIRES…

Les exploitants de porcheries détiennent souvent plus d’animaux qu’ils n’en sont autorisés. Il faut noter que cette pratique malhonnête ne constitue par une simple contravention, mais un délit prévu à l’article L 514-9 du Code de l’environnement (*) qui stipule que « Le fait d’exploiter une installation sans l’autorisation requise est puni d’un an d’emprisonnement et de « 75 000 € » d’amende »…
Ceci a été confirmé par la jurisprudence. (Cour d’appel de Rennes, 18 déc. 1997, 1672/97, H. R., pour une porcherie soumise à déclaration dont le nombre de porcs excédait le seuil de l’autorisation ).

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(*) Note ultérieure à cet article.

– l’article L 514-9 du Code de l’environnement qui dérangeait le lobby porcin a été modifié. Cette sanction quasiment supprimée…