Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Travaux forestiers sens dessus dessous!

publié le1 février 2024
« Débardage » en cours de blocs erratiques abandonnés par les glaciers il y a plus de 10 mille ans!
Ils finiront sur des ronds points ou dans des propriétés privées…

La politique forestière devrait passer par des pratiques respectueuses de l’environnement : protection de la biodiversité, des sols, des ressources en eaux et des paysages. Elle est en théorie encadrée par des dispositions réglementaires rigoureuses définies dans les articles L. 124-1 à L. 124-6 du code forestier. La réalité est toute autre

La plupart des travaux forestiers : débardage, drainage, labours profonds, défrichements, plantations, brûlage des rémanents, ouverture de pistes et autres ouvrages de terrassement, utilisent des engins massifs de forte puissance particulièrement destructifs et invasifs. Ces engins grumiers bouleversent les sols sur des superficies et des profondeurs disproportionnées et modifient profondément les paysages en sous-bois, jusqu’à la mutilation complète des espaces.

Dans les massifs montagneux comme les Vosges, touchés par les problèmes de sécheresse et de dégradation par les insectes, on assiste à de véritables aménagements routiers réalisés pour quelques hectares de futaies, modifiant en profondeur l’écosystème.

Dans les espaces marqués par l’empreinte glaciaire, les roches qui caractérisent ces paysages sont systématiquement éradiqués, déplacés pour finir au mieux sur les ronds-points ou chez les privés. Pour quelques arbres abattus les entreprises de débardage procèdent à l’ouverture de pistes démesurées entaillées par des ornières qui accentuent le ravinement. De tels travaux affectent en particulier de nombreux sites pourtant situés dans des zones protégées en RNR, Natura 2000, ou dans des espaces comme les Parcs naturels régionaux, sans qu’il y ait la moindre remise en état des lieux en concertation avec les collectivités territoriales et les organismes de gestion.

Le cas des Vosges du Sud (Vosges saônoises) est encore plus emblématiques puisque ce territoire fait l’objet d’une étude en vue d’un label UNESCO…

A la vitesse où vont les engins et les décisions qui les accompagnent il ne resterait bientôt plus de paysage authentique, celui là même revendiqué par les instances de l’UNESCO.

En forêt, la présence d’espaces protégés nécessite pourtant de prendre toutes les précautions nécessaires avant de réaliser des travaux forestiers. Afin de prévenir les dégradations résultant de la circulation des engins d’exploitation forestière et des camions grumiers, une disposition issue de la loi du 13 octobre 2014, impose aux conseils départementaux d’élaborer un schéma d’accès à la ressource forestière. Pour autant, les constats en amont et en aval à l’occasion de la déclaration de travaux ne sont quasiment jamais respectés. Un  renforcement du cadre législatif existant et la multiplication des contrôles dans la mise en œuvre de plans de gestion rigoureux imposant la préservation des sols forestiers constituent pourtant une condition incontournable de toute forme d’exploitation forestière y compris et surtout dans les espaces protégés ou en voie de protection.